Belle époque

Cabaret

Avec La Vie parisienne, le Musée des Beaux-Arts de Mulhouse expose les toiles de Léon Zeytline pour un voyage dans les Années folles pétillant comme une coupe de Champagne.

Le peintre d’origine russe Léon Zeytline (1885-1962) qui s’installa dans le Haut-Rhin dès 1925 y est surtout connu pour son œuvre tardif. Mais ce n’est pas à ces marines et autres paysages de neige que se consacre cette exposition permettant de découvrir un artiste fasciné par le Paris de la Belle Époque auquel il consacra plus de 500 huiles et aquarelles. De ce corpus est présentée une sélection d’une soixantaine d’œuvres, toutes issues de collections privées. On le voit s’y dégager du carcan de l’académisme réaliste du Groupe des Ambulants – puisqu’il fut l’élève de certains de ses membres comme Abram Arkhipov ou Alexeï Korine – pour glisser vers un post-impressionnisme élégant. Construite thématiquement, cette présentation est un voyage dans les arcanes de la ville Lumière. On y croise une mutine danseuse de cancan (Les Dessous chics où se dévoile bien plus que dans la chanson écrite par Gainsbourg) aux faux airs de pin-up fifties de Mel Ramos. Au fil des salles se déploient de multiples élégantes, charmants avatars de l’éternel féminin. Songeuse, le regard perdu dans le vide, l’une est assisse à la terrasse d’un café, robe de dentelle et diadème dans les cheveux semblant attendre son chevalier servant (Rêverie), tandis qu’une autre nous regarde dans les yeux, indifférente au vieux barbon avec qui elle finit de souper (Cabaret). Vêtue d’une robe bustier irradiant d’érotisme, la belle chapeautée comme à Ascot et gantée jusqu’au coude lance une œillade où la noblesse le dispute à la provoc’. C’est à une promenade encyclopédique dans la cité à la- quelle nous somme conviés avec ses paysages urbains extrêmement animés (Trafic dense sur le Boulevard Montmartre ou Faubourg du Temple) dans lesquels l’influence de Monet est perceptible ou ses événements majeurs comme l’Exposition universelle de 1900. Le talent de Zeytline éclate aussi dans des saynètes du quotidien comme dans le très doux Petit violoniste et la dame aux fleurs ou À l’Ami Alfred. Dans cette composition, un couple – elle en robe chic, lui en costume blanc coiffé d’un canotier – sort d’un estaminet à la terrasse duquel deux hommes ventripotents vident des bocks. Comme un précipité de Paris, au début du XXe siècle.


Au Musée des Beaux-Arts (Mulhouse), jusqu’au 17 mai
musees-mulhouse.fr

À l’occasion de cette exposition, le Musée modifie l’accrochage de ses collections permanentes pour présenter des œuvres sorties de ses réserves sur le thème de Paris

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