Ado ré mi fa sol

Photo de Louise Sari

Excitant spectacle en forme de subtiles variations autour d’un même thème, l’adolescence, Aria da capo de Séverine Chavrier est le fruit d’un partenariat entre Musica et le TNS.

Après sa mise en scène des Palmiers sauvages de Faulkner présentée en 2019, Séverine Chavrier est de retour au Théâtre national de Strasbourg pour Aria da capo, dont le titre fait référence aux airs caractéristiques de l’opéra baroque permettant aux chanteurs de laisser éclater leur virtuosité avec une intense liberté. Pour la directrice du Centre dramatique national d’Orléans / Centre-Val de Loire, il renvoie plus précisément aux Variations Goldberg de Bach, évoquant « l’idée du début d’une boucle qui ne serait jamais bouclée, qui serait l’adolescence. Un temps long et répétitif, un magnifique piétinement avant le grand saut. Chaque scène, est une sorte de miniature, qui pourrait contenir le spectacle entier, une variation autour du même thème », résume- t-elle. Sur scène quatre jeunes musiciens, élèves ou anciens du Conservatoire de la cité du Loiret : formé par la chanteuse Adèle Joulin, le violoniste Areski Moreira, le bassoniste Guilain Desenclos et le tromboniste Victor Gadin, ce quatuor bouillonnant de sève narre un âge où l’on est pas sérieux. Ou bien ? Co-écrit avec les interprètes qui tenaient un carnet de répétition dont sont issus nombre de dialogues, le spectacle est le récit de leurs jeunes existences, un « plan en coupe de leur quotidien, un journal de leurs ébats espérés ou ratés », résume la metteuse en scène.

Cette exploration douce-amère de l’adolescence emporte l’auditeur de discussions crues en réflexions sur le désir, interroge la grande affaire qu’est l’amitié avec toutes ses ambiguïtés, mais aussi le sens à donner à son existence en rapport avec une pratique professionnelle exigeante… Ces questionnements sont portés par une bande-son hétérogène faite de toutes les musiques qui traversent les différents protagonistes, de Beethoven au rap, de la soupe R’n’B des tubes planétaires aux sonorités savantes. En contrepoint des boîtes vitrées figurant l’intimité oppressante des chambres où se nouent les existences, est installé un poétique « orchestre fantôme ». Pour Séverine Chavrier, il s’agit d’une « échappée spatiale et temporelle, un autre monde en voie de disparition, en résonance avec les voix off de musiciens absents. J’aime que cet orchestre sans musiciens, travaillé par quelques signes d’une présence humaine, apparaisse en film comme un off mental, comme un lieu d’attente ou de repli qui symboliserait aussi bien l’anonymat du groupe que le spectre de la grande musique symphonique. »


Au Théâtre national de Strasbourg, du 30 septembre au 4 octobre
tns.fr
festivalmusica.fr

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