Abîmes back

Photo d’Adele Boterf

Nous étions prévenus depuis l’émergence de la nouvelle vague du rap belge, scandée par Roméo Elvis, Bruxelles arrive ! Dans son sillon, Moka Boka se révèle avec Juste avant Kwami.

Repéré par De La Fuentes (producteur de Damso) – alias Krisy quand il rappe – puis propulsé grâce à une Colors Session* en 2018, l’étoile montante du hip-hop belge Moka Boka est annoncée en première partie de la tournée 2020 d’Oxmo Puccino. En « apprentissage dans l’industrie », son titre Heracles (2018), en featuring avec Swing (membre du groupe L’Or du Commun) forge son identité : instrus influencées par le rap US, synthé electro aux rythmiques reggae et impertinence du rock. La couleur des notes est donnée. La musicalité du Bruxellois ne se fixe aucune limite, oscille selon ses humeurs et thématiques (la valeur du travail, les femmes et la condition humaine). D’origine congolaise par son père, Moka Boka est confronté dès son plus jeune âge aux problématiques du métissage considéré comme « blanc pour les noirs et noir pour les blancs ». Il l’analyse aujourd’hui avec philosophie : « Mon père est noir, ma mère est blanche, mon cœur est bleu » écrit-il dans Nuage – titre produit dans le cadre du RedBull Music Festival 2019, qui le pousse sur le devant de la scène. La vie dépeinte dans ses textes est bercée d’obscurité, néanmoins nécessaire pour apercevoir la lumière, métaphore de son précédent album Pas de Pluie, Pas de Fleurs. Dans son nouvel opus, entre l’egotrip Yeux doux et le rap conscient Anxiété, il se situe dans un art hybride et transgenre où l’honnêteté règne en maître. « Est-ce que Dieu m’aime fort ? (…) J’avance tout le temps vers le Nord ! Allez bouge-toi, bosse dure, bouge-toi ! » scande-t-il. Avec son flow et ses textes simples, l’artiste brise la solitude en portant une musique bienveillante et intelligente, à l’instar de MC Solaar, sa référence francophone. En attendant de trouver ses réponses, musicalité, voix et textes déraillent dans Tête qui tourne (Addiction), dans lequel il livre ses vices – entre alcools, drogues et femmes – dans une proposition envoûtante. L’album se termine avec Abîmes, outro aux sonorités mélancoliques qui conclut une proposition artistique complète, tant dans la variété des genres que dans les atmosphères des textes grâce à l’emploi d’un vocoder. « Quand j’ai mal je me déconnecte, ouais, c’est pas normal d’être si honnête, ouais » lâche-t-il, avant d’être volontairement inaudible. Vivement son retour à la surface.


À L’Autre Canal (Nancy), vendredi 6 mars
lautrecanalnancy.fr

À La Laiterie (Strasbourg), samedi 7 mars
artefact.org

À La Boule Noire (Paris), vendredi 20 mars
laboule-noire.fr

* Live vidéo d’artistes émergents produit par la plateforme musicale berlinoise éponyme sur Internet

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