Réceptacle exposé à la Fondation François Schneider

Réceptacle : EthnoGraphic © Steeve Constanty

Avec Réceptacle, la Fondation François Schneider expose les lauréats de la 10e édition du concours Talents Contemporains.

Depuis l’Antiquité, nombreuses sont les cultures, du chamanisme à l’ancienne Égypte, en passant par les mythologies grecque et latine, à investir l’élément aquatique des plus merveilleux pouvoirs, au premier rang desquels celui de porte de passage entre le monde du corps et le royaume des âmes. Voilà sans doute pourquoi fleuves et rivières, sources et fontaines se font, aux quatre coins de la planète, le Réceptacle tout trouvé – métaphorique ou réel – des croyances humaines, de nos perceptions, de nos désirs, de nos craintes, de nos légendes et de nos vies. Cette dimension prêtée à l’eau, capable d’épouser toutes nos projections, est au cœur des quatre oeuvres lauréates de la 10e édition du concours Talents Contemporains, organisé par la Fondation François Schneider.

InventaRios (2019), qui peut se traduire à la fois par “inventaires” et “invente des rivières”, est le résultat de trois années d’enquête menée par le collectif EthnoGraphic sur la géographie et les modes de vie du bassin du fleuve Capivari au Brésil, dans le Minas Gerais en proie à la sécheresse et à l’avidité croissante de l’industrie minière. Des témoignages de quelque cinquante habitants émergent autant de récits intimes sur l’importance de la rivière dans leur vie quotidienne. « L’eau qui nous nourrit », « Les bras de l’eau », « L’eau que j’aime »… Le recensement des appellations poétiques du Capivari et de ses affluents dessine une cartographie sensible de leurs représentations et imaginaires, où pointent aussi les craintes de la voir confisquée ou disparaître. Une ambivalence qu’on retrouve dans le conte visuel doux-amer de Carolina Dutca et Valentin Sidorenko, Apă (2020), dont les quinze photographies, nimbées de mystère et de fantasque ironie, promènent le regardeur sur les bords du Dniestr. Nénuphars blancs en voie de disparition, ancienne biologiste aux airs de babouchka espiègle, tapis en crochet bigarrés et créature amphibie légendaire… Entre enjeux environnementaux et folklore séculaire, le duo moldave brode une délicate histoire onirico-burlesque des relations entre hommes et esprits des rivières. Avec l’ésotérique (un peu freak) The Wishing Well II (2020), la Sud-Africaine Bianca Biondi transforme quant à elle un simple tabouret en puits sacré, où tout un chacun peut jeter une offrande ou une pièce et tenter, qui sait, de communiquer avec les dieux. Mais l’œuvre sans doute la plus déroutante de ce parcours en forme de déambulation rituelle sinueuse est assurément l’installation sculpturale d’Elvia Teotski, Spleen Microbien 2.0, où s’alignent 200 petites colonnes d’agar-agar desséché, pétrifié et ratatiné, mais sur lesquelles prolifèrent encore bactéries et micro-organismes, totems putrescents érigés à la gloire de la vie qui résiste.


À la Fondation François Schneider (Wattwiller) jusqu’au 26 mars
fondationfrancoisschneider.org

> En parallèle, est présentée Horizon, exposition personnelle consacrée aux hypnotiques installations vidéo d’Olivier Crouzel

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