Dossier Sarre: roma æterna

Villa ©EKP

Se déployant entre France et Allemagne, le Parc archéologique européen de Bliesbruck-Reinheim propose un excitant voyage dans le passé celte et gallo-romain.

Deux pays, cinq musées, quelque 30 000 visiteurs annuels et des siècles d’Histoire : géré conjointement par
le Département de la Moselle et le Saarpfalz- Kreis, le Parc archéologique européen de Bliesbruck-Reinheim fête son 30e anniversaire cette année. Il permet tout d’abord de voir « les différents modes de présentation des vestiges. En France, on protège les structures découvertes sans les toucher, tandis qu’en Allemagne on n’hésite pas à reconstruire », résume l’archéologue Michael Ecker qui fouille un site d’une grande richesse. On y voit tout d’abord la Tombe de la Princesse celte inhumée vers 370 avant Jésus-Christ : découverte en 1954 sous un tumulus, elle est reconstituée de manière grandiose. Parée de riches bijoux d’or 1 délicatement décorés (torques, fibules…) et de bracelets en lignite, la défunte avait été enterrée dans une chambre funéraire en bois de chêne accompagnée d’une fine vaisselle de bronze pour banqueter dans l’au-delà.

Thermes © CD57 / Laurent Beckrich

Se déploient également les vestiges d’une immense villa gallo-romaine2 occupée du Ier au IVe siècle : une maison (80 mètres par 60) est posée au bout d’une gigantesque cour ceinte de murs de 300 mètres par 135 (rythmée par une douzaine de bâtiments) dont la fonction demeure mystérieuse. Potager ? Enclos à chevaux ? Simple espace d’apparat ? Les nombreuses trouvailles faites dans ce domaine agricole renseignent sur sa fonction nourricière. Parmi elles, une incongrue – car le lieu n’avait pas de vocation militaire – visière de casque romain en forme de visage (masquant complètement celui du cavalier qui le portait) aux traits lisses et inquiétants qui pouvait autant servir à effrayer l’adversaire qu’à montrer sa puissance et son élégance au cours d’une cérémonie.

Masque de cavalier © EKP

Le matériel issu des fouilles est présenté de manière didactique et ludique – avec notamment un atelier mosaïque pour les enfants – sur un site où « il reste encore des choses à trouver. Nous avons, par exemple, mis à jour de riches peintures murales qui avaient été jetées dans une décharge lors d’une des rénovations de la demeure », explique Michael Ecker. La marche se poursuit, côté français cette fois –, un étrange pavillon érigé dans un style rappelant la RDA marque la frontière – en direction d’une petite cité qui devait compter quelque 3 000 âmes à son apogée, au IIe siècle après Jésus-Christ. On arpente un quartier artisanal où s’alignent, comme à la parade, les échoppes et visite un gigantesque complexe thermal (dans lequel demeurent des enduits peints d’un rouge éclatant) pourvu d’un chauffage par hypocauste et rythmés par les différents espaces traditionnels : caldarium, tepidarium et frigidarium.


Réouverture du Parc après la pause hivernale le 15 mars
europaeischer-kulturpark.de
archeo57.com

1 Sont montrées des pièces reconsti- tuées. Les originaux sont au Museum für Vor- und Frühgeschichte de Sarrebruck – kulturbesitz.de
2 Après la conquête de la Gaule par César en 50 avant Jésus-Christ, elle est intégrée dans l’Empire, les Médiomatriques s’adaptant à la vie romaine

 

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