10 jours avec François Gremaud au Maillon, à Strasbourg
En passant 10 jours avec François Gremaud, le Maillon consacre la programmation de son Paysage #5 à l’artiste suisse, qui dévoile son univers à travers quatre pièces.
Joué au Maillon depuis 2019, François Gremaud – dont le style décalé est marqué par le goût de la langue et une certaine poésie de l’absurde questionnant le quotidien et la forme théâtrale – profite de l’invitation de Barbara Engelhardt, sa directrice, pour « déplier un petit bout supplémentaire de notre répertoire. » Parmi ses œuvres, Aller sans savoir où (03-06/12), premier volet de son « journal théâtral » – qu’il définit comme « une forme de journal littéraire où tout ce qui est écrit est daté et dit tel quel sur scène » –, raconte en détail sa manière de travailler. « Tout a été fait spontanément, j’ai rédigé les idées comme elles venaient, en intégrant parfois certains moments qui faisaient écho à l’actualité, comme la veille de l’élection américaine de 2020, entre Biden et Trump. C’est le genre de choses qui contamine naturellement mon écriture. » Seul-en-scène performé dans un décor minimaliste – simple tapis de danse couleur sable au sol –, la scénographie reprend celle de Phèdre ! (04-06/12), également à l’affiche.
Première partie d’une trilogie s’intéressant à trois figures féminines au destin funeste et à laquelle font suite Giselle… (2021), inspiré du ballet de Théophile Gautier, et Carmen. (2023) de Bizet, la pièce, donnée par Romain Daroles, mélange récit de la tragédie de Racine – acte après acte –, analyse des vers, origines mythologiques et touche d’humour. S’ils illustrent des travaux que François Gremaud signe de sa main, les représentations suivantes mettent en lumière des écritures collectives. Pièce sans acteur(s) (09 & 10/12), comme son nom l’indique, se joue sans personne au plateau. « Deux haut-parleurs conversent sur scène », sourit notre homme. « C’est la première idée que Victor Lenoble et moi avons eue. On assiste au spectacle en train de s’écrire, et peu à peu, on glisse dans la fiction, on joue avec le réel en prenant le public par la main. C’est extrêmement amusant, l’imaginaire des spectateurs est mobilisé et on voit à quel point il est infini. » Enfin, La Magnificité (12 & 13/12) illustre un projet en trio. Accompagné par Tiphanie Bovay-Klameth et Michèle Gurtner, il mélange urgence du monde contemporain et faire-ensemble. « Quand les gens se réunissent pour agir, il y a quelque chose de très beau », souligne-t-il. « On se fiche que ce ne soit pas extraordinaire, on compile des saynètes qui pourraient se passer dans la vie quotidienne – répétition d’un groupe de rock, karaoké, émission de radio, etc. –, on met le doigt sur des moments assez simples pour raconter la vie de tous les jours. C’est un moyen poétique de parler du monde, de lui donner sens », termine-t-il.
Au Maillon (Strasbourg) du 3 au 13 décembre
maillon.eu
> Rencontre avec l’équipe artistique à l’issue d’Aller sans savoir où (03/12) et Pièce sans acteur(s) (09/12)
> Atelier théâtre et écriture avec François Gremaud (07/12, à partir de 15 ans)
