Un air de famille

© Michel Batory

Poursuivant son exploration des écritures francophones, Vincent Goethals fait de Bussang la capitale artistique de la Belgique, le temps d’un été. Grand classique et pièce contemporaine font vibrer la langue dans l’ambiance unique du Théâtre du Peuple.

Venu des brumes du Nord, Vincent Goethals entretient depuis toujours un lien fort avec les artistes belges, qu’il considère comme sa « seconde famille théâtrale ». Aux couleurs du Royaume d’outre-Quiévrain, sa deuxième saison à la tête du Théâtre du Peuple s’inscrit dans un cycle de trois ans autour des écritures francophones. « J’aime avant tout travailler sur la langue. Les auteurs belges ont une manière de la manier qui est plus terrienne, plus concrète que les dramaturges français. Chez Crommelynck, l’écriture est à la fois très lyrique et très crue, avec un côté breughélien. Stanislas Cotton, notre auteur associé pour cette saison, joue beaucoup avec la sonorité des mots. Les acteurs belges ont d’ailleurs cette particularité d’appuyer énormément sur les consonnes, ce qui rend les phrases plus percutantes. Leur rapidité de débit évite l’emphase et donne directement un sens concret au texte. J’ai besoin que les acteurs soient ainsi ancrés dans les mots. »

Comme on ne déroge pas à une tradition centenaire, le spectacle de l’après-midi a des allures de fresque au long cours, mêlant comédiens professionnels – belges, cela va sans dire – et amateurs venus des quatre coins de France et d’ailleurs. La Jeune fille folle de son âme, pièce écrite en 1929 par Fernand Crommelynck, est mise en scène par Michael Delaunoy, directeur du Rideau de Bruxelles. « On est entre Marivaux et Goldoni, à la sauce belge », résume Vincent Goethals. Une valse des corps et des désirs, « jamais vulgaire, mais parfois triviale », questionne, plus que jamais, le rapport au sexe de notre société. Ambiance de carnaval trouble, peuplé de masques et de marionnettes… Kubrick et Eyes Wide Shut ne sont pas loin. Pour le spectacle du soir, le directeur et son auteur associé prennent les commandes. Et si nos pas nous portent… est un « cabaret singulier », inspiré par une série de portraits vidéo réalisés par Vincent Goethals auprès d’habitants d’Alsace, de Lorraine et de Franche-Comté. « La question posée était : qu’est-ce qui vous fait lever le matin ? » A partir de cette matière brute, Stanislas Cotton a composé des « nouvelles théâtrales, des bulles de rêves, les notes poétiques d’une partition épinglées de chansons, de moments musicaux ». Des bribes d’existence qui dévoilent l’intime, les convictions, les incertitudes et les contradictions d’êtres qui nous ressemblent. À la fois drôle et doux-amer, pour l’auteur il s’agit « d’une poésie qui ne s’épargne pas d’être politique, sociale, à l’écoute des bruits du monde, au plus près de la condition humaine. »

À Bussang, au Théâtre du Peuple, du 13 juillet au 25 août

03 29 61 50 48 – www.theatredupeuple.com

La Jeune fille folle de son âme à 15h (du 13 juillet au 24 août)

Et si nos pas nous portent… à 20h30 (du 31 juillet au 24 août)

Concerts d’ouverture vendredi 13 juillet à 13h30 (avec Tibidi) et de clôture dimanche 25 août à 20h30 (avec Pascal Sangla)

 

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