Büchner des vanités

La Dinoponera / Howl Factory de Mathias Moritz organise le Büchner Superstar Festival, versant strasbourgeois d’un cycle – entre Allemagne, Suisse et France – dédié au dramaturge par la Schaubühne Lindenfels Leipzig.

Une comète illuminant le ciel européen, brûlant sa vie à l’incandescence d’une soif de découvertes scientifiques, de révolution républico-anarcho-socialiste et de plongée dans l’âme humaine, ses affres, sa folie, ses amours et sa comédie. Tel était l’astre Georg Büchner dont la combustion s’arrêta en 1937, à tout juste 23 ans. Pour unique héritage, trois pièces de théâtre, dont une inachevée (Woyzeck) lorsqu’il est emporté par le typhus, une nouvelle (Lenz) et un pamphlet invitant les paysans à la révolte.

Woyzeck ou le souvenir
La Schaubühne Lindenfels Leipzig est invitée à présenter Woyzeck, dernière scène, une place publique (27/06-04/07). Un immense cube de six mètres, installé place Saint-Thomas, aux dimensions réelles de l’échafaud sur lequel Johann Christian Woyzeck fut supplicié en 1824. Sur la place du marché de Leipzig, 5 000 spectateurs se massèrent pour la dernière exécution publique de la ville. Ce projet de recherche théâtrale dans l’espace public contient une exposition à l’intérieur du cube, liant l’œuvre de Büchner avec des événements historiques et des questions morales. Il sert aussi de décor à la performance vidéo Fragment machine. Un lieu public. Un échafaud (27/06, 20h) dans laquelle des citations de ses textes invitent à une réflexion sur la peine capitale dans un flot d’images d’hier et d’aujourd’hui.

Purge
Pour sa part, Mathias Moritz propose le second volet de sa “trilogie de l’état urgent” débuté avec Du Sang aux lèvres à l’automne dernier1. Le voilà qui s’inspire de La Mort de Danton (28 & 29/06, Théâtre de Hautepierre) dans une relecture où il se plait à glisser les références populistes qui animent, aujourd’hui encore, les cercles du pouvoir et qu’agitent les figures les plus en vues à l’instar de Danton et Robespierre. Mœurs légères et intransigeances font plus qu’un écho à nos politiques tandis que les sans-dents gros- sissent les rangs des refoulés du progrès. Les symboles de la République se mêlent au sang de la Révolution que la Terreur ne manquera pas de faire couler, emportant les têtes des deux protagonistes. Dans un flot d’images de tribuns vacillants dans la fumée, l’heure est ici au débat d’idées, noyauté par celui des valeurs et des vertus dont il ne faut oublier qu’elles ont pour principal privilège, comme le disait Nietzsche, « d’apporter au bûcher d’un condamné son petit fagot à soi ».


1 Lire Show me a hero dans Poly n°202 ou sur poly.fr

Sur la Place Saint-Thomas, au Théâtre de Hautepierre, dans les jardins de l’Église Saint- Guillaume, au Cinéma L’Odyssée et au Musée Zoologique (Strasbourg), du 27 juin au 4 juillet
dinoponera.com

Projection de Woyzeck de Werner Herzog, samedi 30 juin à 20h30, et de Napoléon d’Abel Gance, dimanche 1er juillet à 17h, au Cinéma L’Odyssée (Strasbourg)
cinemaodyssee.com

Performance de Galaad Le Goaster sur Le Système nerveux du barbeau, lundi 2 juillet au Musée Zoologique (Strasbourg)

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