America, America

Tout va bien en Amérique, vraiment ? David Lescot, artiste associé à La Filature, questionne l’histoire non officielle des États-Unis à travers une pièce musicale, un oratorio slamé et chanté, à l’inouï casting.

Le rêve américain vu par les USA d’en bas. L’histoire, en pointillés, du nouveau monde, de 1492 à nos jours, de Christophe Colomb à Rudolph Giuliani. Tout va bien en Amérique, ce sont des parcours singuliers narrés via un long texte épique sur Catherine Weldon – peintre new-yorkaise du XIXe siècle qui s’est immergée dans une réserve indienne auprès du chef Sitting Bull –, des extraits du poète Charles Reznikoff ou « un grand poème interrogatoire sur les institutions américaines » de Walt Whitman. Tout au long de la pièce, il est question d’anti-héros et de marginaux, du génocide des Indiens, de ségrégation, d’esclavage ou d’abolitionnisme, de la grande histoire et « d’aventures minuscules », commente David Lescot.

Le metteur en scène a pour habitude de s’adresser aux comédiens comme un chef d’orchestre à ses musiciens. Sous sa baguette, un impressionnant et hétéroclite casting regroupe le poète hip-hop Saul Williams (vedette du film Slam de Marc Levin), la chanteuse gospel américaine Ursuline Kairson, le rappeur français D’ de Kabal ou la comédienne Irène Jacob (notamment vue chez Kieślowski). Épaulé par Benoît Delbecq, pianiste et directeur musical, David Lescot a « mis en place » un “essai théâtral” expérimental : « Quand on monte une pièce d’Ibsen, on sait à peu près où on va ! Là, il a fallu inventer une forme. Nous nous sommes approchés de celle du concert, de la revue. C’est un spectacle de music-hall inclassable mélangeant poésie, musique, fausses conférences et projections sur un écran de six mètres sur six. » Chaque soir, sur le plateau, le vidéaste Éric Vernhes crée « une mémoire vivante du spectacle » à laquelle il mêle des images d’archives retravaillées et décomposées.

La douzaine d’épisodes qui composent le show offre une traversée chronologique faisant le parallèle entre histoire des populations opprimées et création musicale : le blues, le jazz ou le rap sont autant de cris indissociables du contexte politique et social qui les a vu naître. Si tout n’est pas rose, le temps passe vite durant ce long périple américain par les petites routes, le volume de l’autoradio monté au maximum.

À Mulhouse, à La Filature, mardi 9 et mercredi 10 avril

03 89 36 28 28 – www.lafilature.org

Et aussi, avant Tout va bien en Amérique, en entrée libre, les 9 et 10 avril à 19h, Ma Cabane de Gaël Chaillat et Ramona Poenaru

À l’occasion du spectacle Tout va bien en Amérique, initiation à l’Open Mic par le slameur et rappeur D’ de Kabal, samedi 13 avril de 10h à 17h au Noumatrouff – 03 89 36 28 34

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