Trans europa express

Photo de Laurent Philippe

Avec Are friends electric?, le chorégraphe Yuval Pick fouille la boîte noire de Kraftwerk pour composer une ode au romantisme européen new wave se matérialisant dans la chair au Tanz Festival Saar.

Quand les rythmes et les sons analogiques créés par Kraftwerk à la fin des années 1970 se diffusent en ondes dans les corps des danseurs de Yuval Pick, c’est un néo-romantisme qui se dévoile. Pour le directeur du CCN de Rillieux-la-Pape, « les albums Autobahn, Radioactivität, Trans Europa Express et Computerwelt évoquent les battements d’un cœur, une respiration, une marche, une transe, un geste musical à l’échelle humaine. Je lis ce moment de leur parcours comme l’invention d’un nouveau romantisme européen qui réinterprète notre relation à l’environnement. L’idéal du XIXe siècle de l’homme et la nature est ici remplacé par le constat de la survie de l’homme dans son environnement urbanisé et mécanisé. » Groupe pionnier des musiques électroniques, pillé par Afrika Bambaataa pour son hit Planet Rock, le chorégraphe israélien pioche dans la fabrique du groupe allemand pour exhumer des Lieder de Schubert.

Photo de Laurent Philippe

D’un romantisme l’autre, la machine et ses boucles musicales supplantant la nature. Le corps des danseurs est parcouru de motifs tout en frictions et torsions, comme animé par un flux électrique. Avec son immense flèche en néon pointant le plateau, Are friends electric? plonge dans l’indus, l’urbain froid dans lequel on s’épie et se plie avec intensité, sans se toucher. Saute abruptement quand on ne pilonne la scène d’un pas robotique. Torsions et inspirations pures virevoltent de l’un à l’autre des interprètes qui se déhanchent farouchement. Les bustes s’inclinent et les duos, trios répondent aux solos happant le regard. Une certaine animalité se fait jour, une force rageuse face à la dureté environnante d’un monde architecturé dans le déni du vivant. Les spasmes des uns répondent aux impossibilités des autres coincés dans des boucles répétitives maladives. Tous cherchent un chemin, une voie personnelle dont l’acmé se trouvera dans le collectif. Dans le monde de Yuval Pick, comme dans celui de Philip K. Dick, on traque l’humanité là où chacun semble rêver de moutons électriques…


Au Carreau (Forbach), samedi 5 mai dans le cadre du Tanz Festival Saar
carreau-forbach.com

Navette Metz – Le Carreau – Metz, départ 90 minutes avant le début du spectacle depuis la place de la Comédie

Également au programme du Tanz Festival Saar (03-08/05)
It Dansa avec Jiří Kylián, Sidi Larbi Cherkaoui et Ohad Naharin (vendredi 4 mai, Saarländisches Staatstheater, Sarrebruck)
Dakhla d’Abou Lagraa (dimanche 6 mai, Alte Feuerwache, Sarrebruck)
Anne Teresa De Keersmaeker avec Achterland (dimanche 6 mai, Saarländisches Staatstheater, Sarrebruck)
nowdancesaar.de

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