Un peu de tendresse !

Maître de l'Annonce aux bergers, L’Adoration des bergers vers 1612- 30, Inv. 2016-D001/002, collection privée © Colnaghi Foundation

Avec Drama and Tenderness – Flemish, Spanish and Italian Art of the Baroque, le MNHA nous plonge dans un émouvant clair-obscur. Exceptionnel.

Face à Archimède de José de Ribera, situé entre Thalès et Héraclite, le spectateur est intimidé par tant de prestance. Une lumineuse présence. Se détachant sur un fond sombre, il a le regard satisfait de celui qui semble s’apprêter à s’écrier « Eurêka ! », des papiers griffonnés de formules mathématiques dans une main, une plume posée sur un parchemin vierge de l’autre. Vêtu de haillons qui laissent découvrir sa poitrine blanche, le scientifique grec de l’Antiquité est prêt à écrire LA formule qui révolutionnera la géométrie ou la mécanique statique. Magnifique huile sur toile de la première moitié du XVIIe siècle, cette peinture du plus caravagesque des peintres espagnols est l’un des chefs-d’œuvre exposés au Musée national d’Histoire et d’Art qui rassemble un étourdissant ensemble donnant le vertige aux amateurs d’art baroque.

José de Ribera, Archimède, 1re moitié du XVIIe siècle, Inv. 2016- D015/001, collection privée © KIK- IRPA, Brussels

Parmi les autres trésors provenant du Musée royal des Beaux-Arts d’Anvers (qui rouvrira ses portes en 2019), de deux collections privées et des collections du MNHA, il y a aussi une belle Adoration des bergers (1612-30), grand format d’un maître napolitain anonyme avec un enfant Jésus vers lequel tous les regards se tournent tendrement. Nous retrouvons le Messie, à l’âge adulte, tristement étendu, toujours au centre de la toile et dénudé, le corps meurtri dans La Lamentation du Christ d’Anthony van Dyck (vers 1635) ou dans une Pietà (vers 1622) de Theodoor van Loon. De la piété en clair-obscur, toujours, avec la Mater Dolorosa (XVIIe siècle) de Bartolomé Esteban Murillo où la Vierge, pleine de grâce… et de douleur, penche affectueusement la tête. Le drame et la tendresse s’entremêlent dans les salles de cette exposition rassemblant Zurbarán, Rubens ou Burgos Mantilla pour mettre en exergue les similitudes entre la peinture ita- lienne, amande et espagnole de l’époque.


Au MNHA (Luxembourg), jusqu’au 1er octobre
mnha.lu

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