Un oiseau s’est posé

Photo de Félix Taulelle

Avec On voudrait revivre, la compagnie rémoise Claire Sergent compose une ode sensible à Gérard Manset, un des chanteurs les plus secrets de la scène française.

Paradoxal, ce spectacle l’est dans son fondement, puisqu’il porte à la scène les chansons de Gérard Manset, artiste qui n’a jamais souhaité donner de concert, fuyant foules et medias avec application. Son point de départ est la découverte par Léopoldine Hummel (alias Léopoldine HH) et Maxime Kerzanet de sa voix dans l’ultime et mélancolique rendez-vous du film Holy Motors de Leos Carax. Il y balance ces couplets où les deux compères puiseront le titre de leur performance : « On voudrait revivre. Ça veut dire : on voudrait vivre encore la même chose. Refaire peut-être encore le grand parcours, toucher du doigt le point de non-retour. Et se sentir si loin, si loin de son enfance. En même temps qu’on a froid, quand même on pense que si le ciel nous laisse on voudra revivre. » Créé pour l’édition 2016 du Festival de Caves (Besançon), le spectacle est devenu, avec la complicité de Chloé Brugnon, un onirique vagabondage pétri de tendresse. « Je leur ai proposé de reprendre leurs enregistrements, les interviews de Manset, les paroles de ses chansons, comme on travaillerait à partir d’un matériau brut, de fragments d’une œuvre hétérogène, pour faire de toute cette matière un corpus théâtral », résume la metteuse en scène.

Photo de Félix Taulelle

Sur scène, Léopoldine Hummel et Maxime Kerzanet convoquent l’univers de l’artiste dans la reconstitution pleine d’un drôle de bric-à-brac d’un studio d’enregistrement où la magie surgit subrepticement, pour un lyrique cri d’amour. Dans ce spectacle musical et théâtral rassemblant quelques ritournelles du maître parmi les plus connues (Animal on est mal, Y’a une route, etc.), la fantasmagorie nait de la simplicité des moyens, de l’humour et de la tendresse indissolublement mêlés. Il y a des échappées belles poétiques, plusieurs voyages en solitaire évidemment, quelques réflexions aboutissant à la conclusion qu’On ne tue pas son prochain, des brassées d’éclats de rire, une pincée d’étonnantes métamorphoses et un brin de mystère aux résonances existentielles, puisque le public se découvre Comme un Lego, chanson créée par Bashung sur Bleu pétrole. Les arrangements des bal- lades “mansetiennes” sont léchés et minimalistes, s’insinuant avec délicatesse dans une scénographie qui l’est tout autant, voilant et dévoilant alternativement le mystère Manset.


Au CDN de Besançon, vendredi 18 et samedi 20 septembre
À l’ACB (Bar-le-Duc), mardi 22 septembre
Au Théâtre Louis Jouvet (Rethel), vendredi 4 décembre
À l’Espace Rohan (Saverne), jeudi 22 avril 2021
À l’Espace Gérard Philippe (Saint-André-les-Vergers), mardi 18 mai 2021
Aux Tanzmatten (Sélestat), jeudi 20 mai 2021

cieclairesergent.com

vous pourriez aussi aimer