Tropique dans ton cœur

Le joli Møme de l’electro – Jérémy Souillart, une des têtes d’affiche de GéNéRiQ – cartonne avec sa musique globetrotteuse et gigotante. Pour composer son premier album, il s’est offert un trip de dix mois en Australie à bord d’un van métamorphosé en studio mobile.

Je vous dis “bonjour” ou préférez-vous “Aloha” ?

Bonjour, c’est très bien. Il fait trop froid pour Aloha…

Aloha, chanté par l’australienne Merryn Jeann, est un vrai hit : vous connaissez la recette pour écrire un tube ?

Pas vraiment… Le morceau n’était pas destiné à toucher le grand public. Je n’imaginais pas le succès qu’il a rencontré. Cependant, il évoque l’été avec ses vibes tropicales et est construit de manière classique, selon un mode couplet / refrain, donc compatible avec les radios. Je l’ai écrit très rapidement, en deux heures, avec Merryn. Sa structure est assez simple, mais j’aime également composer des titres plus complexes.

Se sent-on déconnecté, en Australie ?

Je suis parti là-bas dans l’optique d’être coupé du monde et dépaysé. J’ai parcouru le pays dans un home-studio installé dans un van pour être sur la route, côtoyer des artistes locaux et composer sur place. Le surf, la nature, l’insularité… partir en Australie était un vieux rêve. Le projet Møme m’a permis de mélanger ambitions professionnelles et personnelles. Je fais de l’electro, mais je ne veux pas entrer dans un système où l’on m’enverrait des a cappella pour que je les remixe. J’ai envie de faire des rencontres et de créer des histoires. Pour mon prochain album, je vais réitérer l’expérience, mais ailleurs, en Californie peut-être, en évitant de faire un “disque de touriste”.

Votre culture musicale s’est-elle forgée sur le dancefloor ?

Pas du tout. Venant du rock, j’ai pas mal foulé les planches des bars et pubs avec mes différents groupes. Je jouais des compos personnelles ou des reprises, notamment d’Arctic Monkeys, puis je me suis intéressé aux claviers, aux machines et j’ai lancé Møme.

Votre musique évoque l’electro club de Flume autant que les atmosphère de SBTRKT. Votre ambition première est-elle de faire danser ou de créer des ambiances ?

Des ambiances. Mes morceaux ont été conçus dans des contextes différents qu’on retrouve sur mes enregistrements. En fait, le disque est pour moi séparé du live : je cherche à créer des shows d’une grande cohésion, qui tiennent le public en haleine du début à la fin, alors que l’album rassemble des morceaux éclectiques, c’est un Panorama de musiques – titre du disque – qui correspondent à chacune de mes collaborations.

Altitude ressemble à une expédition dans la jungle, au milieu des lianes et des singes hurlant…

[Il coupe] Non, des kookaburras, de très beaux oiseaux, mais qui piaillent en effet comme des singes. J’enregistrais dans mon van et j’entendais des bruits d’animaux qui me gênaient. Plutôt que de m’énerver, j’ai ouvert le coffre et ai pris le son de la forêt pour plus d’authenticité. J’ai également capté des vagues sur la plage de Wategos à Byron Bay ou la pluie frappant la tôle de mon véhicule.

Votre disque est un carnet de voyage ?

Au lieu de faire une vidéo, j’ai composé un “disque de vacances”… aussi studieuses ont-elles été.

Vous revendiquez une certaine naïveté. Que vous permet-elle ?

Je fais les choses comme elles viennent, avec légèreté. Je vais toujours droit au but, sans jamais m’arrêter aux échecs.

 

À La Rodia (Besancon), vendredi 17 février, dans le cadre du festival GéNéRiQ

www.larodia.com

 Au Noumatrouff (Mulhouse), samedi 18 février, dans le cadre du festival GéNéRiQ

www.noumatrouff.fr

 À l’Olympia Bruno Coquatrix (Paris), samedi 17 juin

www.olympiahall.com

 

eden

La programmation de GéNéRiQ a un délicieux goût de Paradis (Audincourt, Besançon et Dijon) : la sensation hexagonale de 2016 ressemble à un Malabar bi-goût, à des friandises Frizzy Pazzy qui claquent dans la bouche et aux Kiss Cool au double effet, avec ses beats et son spleen. Au recto, une musique house rendant hommage à la french touch des débuts. Au verso, des chansons évoquant Daho, Jacno, Souchon et Chamfort. Le duo a d’ailleurs repris ces deux derniers, livrant des versions divines de La Ballade de Jim et de… Paradis. De la mélancolie sur le dance-floor ! À l’affiche également, Lambchop (Mulhouse) qui a récemment pris un virage à 180°, mêlant son folk aux accents soul et aux tics hip-hop contemporains : sons electro et voix auto-tunée. Surprenant et réussit ! Très classes également : le rendez-vous que nous donne Patti Smith à la Chapelle Notre-Dame du Haut de Ronchamp pour un sacré concert (14/02), Alex Cameron (Audincourt et Dijon) et sa pop déglingos fascinante ou encore Bayonne (Besançon et Dijon) et son “electronidélicate” kaléidoscopique.

À Mulhouse, Belfort, Montbéliard, Besançon, Dijon et Ronchamp, du 14 au 19 février

www.generiq-festival.com

©Alexandre Brisa

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