Star chez les tsars

Photo de Marco Borggreve

À Besançon et Strasbourg, deux concerts permettent d’apprécier l’art d’un des plus grands pianistes de la planète, Nikolaï Lugansky, dans son répertoire de prédilection : la musique russe.

Pianiste aujourd’hui quadragénaire, Nikolaï Lugansky est au sommet de son art, confirmant la prédiction de l’illustre pédagogue Tatiana Nikolaeva qui voyait en lui « le futur grand », lorsqu’il était tout jeune. Lauréat du prestigieux Concours Tchaïkovski en 1994, il allie dans son jeu absolue rigueur technique – une caractéristique de cette “école russe” dont il est un beau représentant –, puissance tectonique et flamboyance d’une émotion à fleur de peau. Interprète hors pair de la musique de son pays, il donnera le Concerto n°3 de Rachmaninov (10/09, Besançon) avec l’Orchestre national russe et Mikhaïl Pletnev. Vaste vaisseau sonore, véritable monstre démesuré, cette pièce est l’une des plus célèbres de son auteur. Si la partition est irriguée par la nature d’Ivanovka – lieu de sa gestation – elle possède aussi quelques scintillements venus de New York, à qui elle était destinée et où l’œuvre fut créée le 28 novembre 1909. Conquis, le public fit un triomphe à une page d’une virtuosité extrême entraînant le soliste et l’orchestre dans un dialogue d’une intensité rarement atteinte. Autre concert et autre programme 100% russe avec l’Orchestre philharmonique de Strasbourg et son directeur musical Marko Letonja : à côté de partition de Tchaïkovski (la suite tirée du Lac des cygnes) et Moussorgski (Tableaux d’une exposition, dans la célébrissime orchestration de Ravel), on entendra le Concerto n°2 de Prokofiev… hué à sa création en 1913 : « Nos chats font la même musique », s’écria un spectateur courroucé, rapporte le compositeur Nikolaï Miaskovski. Perdue pendant la Révolution de 1917, la partition fut réorchestrée par son auteur, puis recréée en 1924, recevant un accueil… glacial. Difficile à comprendre en écoutant cette fresque sombre, dramatique et extraordinairement séduisante, où le pianiste doit faire montre d’une invraisemblable maestria et d’une intense poésie !


Au Théâtre Ledoux (Besançon), mardi 10 septembre, dans le cadre du 72e Festival international de musique de Besançon (du 6 au 21 septembre)
festival-besancon.com
Dans le cadre du Festival de Besançon, se déroule aussi le 56e Concours international de jeunes chefs d’orchestre (16- 21/09)
Au Palais de la Musique et des Congrès (Strasbourg), vendredi 13 septembre
philharmonique.strasbourg.eu

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