Soleil noir

De Marseille au Pays basque, entre mafia et ETA, Les Mains obscures de l’oubli est un polar atypique déployant ses efflorescences sombres en plein été.

Une bagnole file à vive allure sur l’autoroute provençale. À l’intérieur, se trouvent un homme de main et le fils de Don Aurelio, un parrain de la mafia, qui vient de chercher le sicaire de son père à sa sortie de prison où il a purgé une peine de trente ans, portant le chapeau pour un crime qu’il n’avait pas commis… La radio crache Aznavour, Allez vaï Marseille, bande son impeccable pour un polar sourd et surprenant signé du duo espagnol formé par Felipe Hernandez Cava (scénario) et Bartolomé Segui (dessins) à qui l’on doit déjà le remarquable diptyque Les Racines du Chaos. À peine libre, l’homme décide d’honorer un accord passé avant d’entrer en tôle avec un chef d’entreprise basque à qui il avait promis vengeance en cas de malheur… Entre-temps, ce dernier a sauté dans sa voiture, assassiné par l’ETA parce qu’il refusait de payer l’impôt révolutionnaire. Celui qui l’a tué ? Le fantôme, l’homme sans visage que l’on appelle Itzala. Le voilà lancé sur sa piste, de la Canebière au Pays basque, via Paris et quelques réminiscences de l’Algérie française. Entre passé du personnage et Histoire contemporaine du continent, l’intrigue se déploie, foisonnante, complexe et fascinante, faisant pénétrer le lecteur au cœur du terrorisme basque, sujet rarement traité en BD. Dans une atmosphère crépusculaire – ambiance soleil noir et implacable – nous sommes convié à suivre la trajectoire forcément tragique d’un homme d’honneur…

Les Mains obscures de l’oubli est paru chez Dargaud (15,99 €)

www.dargaud.com

 

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