Soleil noir : P.R2B livre son premier album Rayons Gamma

P.R2B © Kira Bunse

Avec Rayons Gamma, PR2B livre un premier album sublime, renouvelant la chanson française par son répertoire atypique et son phrasé à contretemps, tout en subtilité.

Avec sa pop synthétique lo-fi à peine bricolée, Pauline Rambeau de Baralon, alias P.R2B – chevelure à la Diego Maradona et diction piquée façon Barbara – est LA figure montante de la chanson française. Dans ses histoires désabusées, on porte des robes couleur de spleen, on s’embrasse les yeux imbibés d’une vodka du soir, triste à pleurer, ça se cherche dans les draps, nos cœurs sont gris foncé, les idéaux lâchent, les gens s’appellent mélancolie et puis se disent : alors, si on changeait tout ça ? On se remet à danser, au son des larmes qui coulent, on ne s’entend pas, et voilà que tout tourne autour de soi. C’est à rendre fou, la façon dont cette trentenaire diplômée de la Fémis joue des arythmies, dissonances fragiles et envolées romantiques pour toucher le fond de l’âme. Le label laboratoire La Souterraine, plaque tournante de l’underground francophone, ne s’y est pas trompé en intégrant son renversant Océan Forever, aux synthés ondoyants comme la mer en hiver, sur une compilation dès 2017. Pour son premier disque intitulé Rayons Gamma, la clarinettiste et pianiste, qui se décrit comme une « petite fille de province, d’une ville de diagonales, aux origines bien peu originales », a eu la bonne idée de s’accompagner de saxophones devenus de nos jours si rares. Concernant sa façon singulière et délicate de prendre la langue de Molière en bouche, la jeune femme pleine de fougue revendique trois influences majeures : Barbara, Brigitte Fontaine et Catherine Ringer. Rien que ça ! 

PR2B, Rayons Gamma

Comme ses idoles, PR2B « écrit les journées qui passent et qui s’éteignent la nuit », puise parfois l’inspiration dans son entourage, comme dans la bouleversante Lettre à P où elle évoque son père disparu, distille saillies et colères dans un phrasé tout en tension, s’emporte contre nos vies « domestiquées à la laisse ». Mais toujours avec l’énergie dansante du désespoir soufflant sur des vers pleins d’une triste et vivifiante rage. Tous les grands écarts sont permis pour ce bout de femme à la croisée de Léo Ferré et Sabine Paturel, alliée sur cet opus au très demandé producteur Tristan Salvati, collaborateur d’Angèle et Clara Luciani. Depuis Ma meilleure vie et son ode pleine de vulnérabilité à l’amour salvateur – l’une des plus belles ballades entendues ces dernières années – aux sonorités chaudes et cuivrées de Mamma en passant par les sautillantes boites à rythme à donner le tournis de La Piscine ou la verve rutilante d’un rap hors d’haleine (Plus rien de bien), la native de Bourges balance ses émotions brutes à l’ouïe et à la face des auditeurs en extase. 


Au Noumatrouff (Mulhouse) Date du vendredi 21 janvier reportée au vendredi 4 novembre, à la Rodia (Besançon) Date du samedi 22 janvier reportée au samedi 22 octobre, – à la Cartonnerie (Reims) Date du mercredi 23 février annulée – et à la Poudrière (Belfort) Date du samedi 19 mars reportée au vendredi 30 septembre
pr2b.fr

Édité par Naïve / Believe
naiverecords.com

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