Dur comme ferré

 Photo de Thomas Bertini

25 ans après sa disparition, Léo Ferré renait grâce à la nouvelle garde underground qui distribue des beignes musicales et jette des pavés dans la mare en livrant des relectures à découvrir sur scène. C’est Extra !

«Pour me fermer la gueule, il faut se lever de bonne heure ou que je sois mort », disait Léo, arrogant. Fou d’Aragon, toujours à deux doigts de sortir de ses gonds, poète anar broyant du noir, il avait la « mélancolie pour traîner dans la vie » et écrire des chansons jugées poussiéreuses, usées, par la plupart de nos contemporains. Trop de lamento… Afin de redonner du lustre au patrimoine paternel, Mathieu Ferré et l’éditeur historique de Léo (Peermusic) ont contacté la clique de La Souterraine, label découvreur / défenseur de talents hexagonaux – Chaton, Halo Maud, Barbagallo, Laure Briard ou Ricky Hollywood, compagnon de route de Juliette Armanet – et initiateur d’hommages discographiques à Dominique A et Mathieu Boogaerts. Benjamin Caschera, co-fondateur de la structure indépendante, flatté et séduit par la proposition de la progéniture de cet illustre « contestataire libertaire », s’emballe : C’est Extra. Tel est le titre d’un Tribute to Ferré, compilation qui n’en est pas tout à fait une. Les treize titres ont un même « grain live » car composés pour moitié par un trio de choc : Émile Sornin de Forever Pavot, Julien Gasc et Benjamin Glibert d’Aquaserge1. Les autres musiciens et interprètes font partie de la petite famille souterraine. Parmi cette mauvaise graine, le messin Marietta qui reprend Thank you Satan, s’avoue sensible à « l’exigence poétique des textes de Ferré, son utilisation d’images folles et un peu tordues », nous confie-t-il. Gontard2, qui se paye L’Opéra du pauvre, apprécie avant tout « l’emphase et l’uppercut ! Ferré, ça implique de se mouiller un peu, alors que l’époque est aux cuisses fraîches », glisse l’auteur de La Main tiède de la violence. Julien Gasc s’est quant à lui toujours senti comme « suivi par Ferré que [s]on père écoutait beaucoup ». Il s’est replongé dans La Solitude il y a une dizaine d’années et s’est longtemps accaparé Les Pop avant de l’enregistrer enfin pour C’est Extra. Pas d’Avec le temps, ni de Jolie môme, mais des relectures de morceaux méconnus et des textes « surprenants », selon Benjamin, citant Tu ne dis jamais rien, « chanson à caractère sociologique où l’on parle d’amour et d’ouvriers de chez Renault ». 


Aux Trinitaires (Metz), jeudi 25 avril 

citemusicale-metz.fr

Au Théâtre des Feuillants (Dijon), vendredi 3 mai

abcdijon.org
lavapeur.com

1 En live, le line up de l’Extragroupe comprend Alexis Fugain, Alexis Croi- sé et Carol Teillard du groupe Biche, Marietta, P.r2b, Eddy Crampes et Sarah Maison

2 2029, troisième album (concept) de Gontard, sort le 26/04 chez Ici d’ailleurs : une chronique sociale et musicale faisant « chanter la France » d’en bas
icidailleurs.com

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