Relier le monde

© Franck Petricenko

La nouvelle édition du festival messin Passages poursuit une exploration sans bornes du champ artistique avec un alléchant focus africain.

Ouvrir les champs des possibles, faire voler en éclats les frontières et relier les mondes. Tel est le programme de ce rendez-vous prisé des amateurs de découvertes artistiques. Mélissa Laveaux (11/05, place de la République) incarne à elle seule le métissage de Passages. La folkeuse installée à Paris mais élevée au Canada revisite ses racines créoles dans son dernier album. Radyo Siwèl explore le répertoire traditionnel haïtien fait de chants populaires, de cantiques et d’hymnes appartenant tout autant aux cultes vaudou que chrétien. Cuivres et percussions se mêlent à la sensuelle et envoutante voix d’une chanteuse qui électrise. Changement de genre avec un solo au titre impossible : And so you see… our honorable blue sky and ever enduring sun… can only be consumed slice by slice… (15/05, L’Arsenal). Une performance (déconseillée aux moins de 16 ans) conçue par la sud-africaine Robyn Orlin pour un artiste hors normes. Le danseur, performer et “songoma” (guérisseur traditionnel) Albert Ibokwe Khoza s’y dévoile sous toutes les coutures, multipliant personnages et points de vue modifiant sans cesse la place des spectateurs (complices, voyeurs…). Un ogre scénique déchirant des oranges et jouant du grotesque qui emporte tout sur son passage. Homosexuel revendiqué, il exhibe ses formes XXL, filmées en gros plans ou emballées dans du film plastique, se fait reine nubienne ou diva autoritaire dictant à deux spectateurs de la laver avec vaporisateurs et gants en latex. De vrais actes politiques questionnant pêle-mêle le regard, le genre, l’identité, sa place et son rapport à l’autre comme à l’inconnu ou à ce qui nous est étranger. Plus démonstratif sera Monstres / On ne danse pas pour rien (16/05, L’Arsenal) du congolais DeLaVallet Bidiefono, gorgé de l’énergie d’une troupe rappelant comment elle a opposé son art à la dictature de Brazzaville, la danse à la guerre, les “monstres” naissant dans leur danse et leur musique jouée en direct aux carcans et aux caciques du régime. Afrique toujours avec l’étonnante proposition des compagnies du Fil & O.p.U.S : Le Musée Bombana de Kokologo (10-19/05, place de la République). Un cabinet de curiosités, ode à la débrouille et à l’inventivité africaine disséquant l’influence de l’histoire du continent sur les êtres, les créations, les petits riens et les grands tout dans une délicieuse “ethno-fiction” des objets.


Sous chapiteau place de la République et dans divers lieux de Metz, du 10 au 19 mai

festival-passages.fr

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