Parfum de femme

© Philippe Bellamy

En adaptant le roman Blonde de Joyce Carol Oates consacré à Marilyn Monroe, John Arnold fait revivre la grande époque d’Hollywood. Dans Norma Jean, il dévoile, derrière l’icône sexuelle, une femme dont la vie n’a été que la quête désespérée d’un peu d’amour.

« Je ne crois pas avoir jamais éprouvé des sensations aussi intenses qu’à la lecture du roman-fleuve de Joyce Carol Oates, il y a trois ans. Le livre m’a littéralement aspiré, englouti et a été mon compagnon de nuit » explique John Arnold. Le metteur en scène n’a alors plus qu’une idée en tête : porter ce texte à la scène et le partager avec un public. Devant un pavé de plus de mille pages, le défi était de taille. Il a pris le parti de s’éloigner légèrement du roman pour se nourrir d’autres sources : les interviews de Marilyn, les rapports d’autopsie, ceux du FBI, de la police de Los Angeles, mais aussi le livre de Don Wolfe qui soutient la thèse de l’assassinat de la star par le clan Kennedy. Au final, l’histoire se raconte au présent, ressuscitant tout un monde, celui d’Hollywood, où l’on croise Joe DiMaggio, Arthur Miller, John Kennedy, Darryl Zanuck… « Au-delà de la vie de Norma Jean Baker – alias Marilyn Monroe –, c’est surtout la convocation d’un rêve, celui d’une vie et des promesses qu’elle recèle », souligne John Arnold. Le fameux rêve américain donne lieu à cette « comédie carnivore comme un conte moderne. C’est l’histoire de Cendrillon revue et visitée par Martin Scorsese qui se situe dans un pays étrange, où, si les citrouilles se transforment en carrosses, elles carburent au whisky et à la vodka et laissent dans leur sillage des traînées de cocaïne. C’est l’histoire de la rencontre entre une névrose et la société de consommation. »

Des années 1930 au début des sixties, Norma Jean retrace le parcours hors du commun d’une petite fille née de père inconnu dans une famille à la limite de la folie, son combat acharné dès l’enfance pour survivre et donner un sens à son existence, sa quête assoiffée d’amour rendue vaine par son statut d’icône sexuelle, puis l’enfermement dans la cage de la gloire. Un parcours d’étoile filante, trop belle, trop brillante, trop fragile. Pour incarner ce tragique conte de fée, cinq actrices et sept acteurs jouent des partitions construites sur le principe des poupées russes, chacune étant le reflet d’un caractère, d’une pensée, d’un désir se déclinant à travers plusieurs rôles. Clins d’œil au cinéma et à la comédie musicale, quelques scènes chantées et dansées jalonnent ce spectacle au rythme ébouriffant. Avec une sobriété de moyens, John Arnold laisse toute la place aux êtres de chair et de sang qui ont participé de près ou de loin à bâtir un mythe enchanteur et effroyable. Au milieu de tous, Blonde, bouleversante héroïne, pleure et rit aux éclats.

À Besançon, au Centre dramatique national, du 11 au 13 juin
03 81 88 55 11 – www.cdn-besancon.fr

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