No fun

Negative Beat : un nom qui claque pour un collectif formé à Saint-Avold et éclaté dans le (très) Grand Est. Se connaissant depuis toujours, ses membres se sont rassemblés autour d’une passion commune pour les sons cold et l’esthétique DIY.

Ils se déplacent en meute, comme des jeunes loups. Les gars de cette horde sauvageonne se comportent en éternels ados qui « squattent, vont à des concerts et jouent » ensemble, selon Walid Marouf, le ciment du groupe, responsable du site Internet et porte-parole de Negative Beat (NB). Aujourd’hui éparpillés à Bruxelles, Berlin, Budapest ou Riga, ils se retrouvent régulièrement à Saint-Avold, leur fief et berceau familial, le lieu du crime. Tous se sont rencontrés dans ce « bled perdu en Moselle », entre deux salles de cours, dans les couloirs du lycée, et se sont mis à composer, un peu par désœuvrement. « Nous sommes clairement influencés par l’atmosphère du coin. Venant de Californie, nous n’aurions sans doute pas proposé le même type de musique », s’amuse Walid. La ville minière « à l’abandon et morose, que l’on rêve de quitter », leur évoque des morceaux souvent glaciaux, aux sonorités sombres. Les artistes du collectif voient un point commun entre Saint-Avold et Manchester, cité industrielle sinistrée qui a vu naître Joy Division ou les Happy Mondays (des modèles pour NB), devenant l’épicentre musical des années 1980.

NB, c’est une dizaine d’activistes qui s’échangent leurs découvertes par mp3 interposés. Des kids d’une vingtaine d’années et des poussières qui n’ont jamais succombé aux sirènes des « sous AC/DC » que tous les garçons et les filles de leur âge écoutaient en boucle en passant le Bac, préférant fouiller dans les archives de la sono mondiale et se gaver de Sonic Youth, d’Iggy Pop, de techno US et de hip-hop façon Cannibal Ox. Pour des raisons géographiques (difficile de se retrouver tous les deux jours pour des répét’…), Negative Beat se compose essentiellement de one man bands, chacun travaillant dans son coin, produisant des titres avec les moyens du bord et un son pas très clean, volontiers brut, insufflant de la vie dans un monde aseptisé et faisant ressortir le « charme du lo-fi ».

Il y a presque autant de formations que de personnes dans NB, ceci permettant d’« explorer tous les styles », souligne Acapulco City Hunters, projet solo d’electro-rockabilly à la Suicide monté il y a un an, après de nombreuses expériences de groupes, notamment au sein de She calls from Berlin. Ainsi, la constellation se compose de Youth Revolution et Luminance s’attaquant à l’electro dark, GWC qui fait dans le son synthétique eighties, Distorsions dans le rock cradingue, Crooked Axis le psyché, Audran le folk acoustico-hippie et Dandelion Sky la pop déglingos, tordant le cou aux sixties et inventant une sorte de Negative Beatles.

NB évoque une musique mécanique composée à l’aide de machines, mais ne se limite pas à une seule esthétique. Le clan, usant d’une image glaciale, dégage enthousiasme, énergie et rage en live comme dans la life. Saint-Avold, futur centre du monde.

www.negativebeat.com

 

 

 

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