Municipales: Entretien avec les candidats à Nancy

La place Stanislas vue depuis l'Ange de la Renommée © Ville de Nancy

Laurent Hénart est candidat à sa propre succession.

Quel bilan pour la culture dans votre ville ces six dernières années ?

Laurent Hénart (LREM, LR). Artistes, lieux de diffusion, festivals et grands événements, projets nouveaux lancés ou soutenus, patrimoine, politique de médiation globale : lorsqu’on met tous ces éléments bout à bout, on obtient la vie culturelle Nancéienne, une vie culturelle « en continu », toute l’année, pour tous les Nancéiens. Voilà ce que m’inspire cette question sur le bilan, qui est toujours délicate, car le temps des projets culturels est aussi un temps long, qui dépasse les échéances électorales. La culture ne se vit pas en chiffres mais ceux-ci sont très parlants, car ils montrent l’investissement que nous faisons d’une part, ses répercussions en termes de fréquentation d’autre part.

  • Chaque année, Nancy consacré 25 % de son budget à la culture, soutien près de 200 associations culturelles et accueille plus de 1000
  • La fréquentation des événements et établissements est passée de 1,6 million de spectateurs en 2014 à 2,4 millions en 2018, avec un tourisme en hausse de 10%
  • Les Fêtes de Saint-Nicolas rassemblent plus de 300 000 spectateurs sur le grand week-end.
  • La fréquentation des Rendez-vous Place Stan est en hausse de 70%, passée de 430.000 spectateurs en 2014 à 713.000 en 2019

Au quotidien, concrètement, les opportunités sont multiples pour les habitants :

  • un patrimoine exceptionnel,
  • un soutien attentif aux acteurs, artistes, collectifs qui vivent, créent et travaillent dans la cité tout au long de l’année,
  • des institutions (dont 4 labellisées nationale) et des associations qui programment au quotidien,
  • des manifestations festives qui ponctuent les saisons.

Depuis 2014, j’ai voulu engager une nouvelle étape de notre vie culturelle. S’il s’agit toujours de donner à chaque habitant la possibilité de voir ou de pratiquer, et de donner aux artistes la possibilité de réaliser leurs projets, j’ai voulu que l’on puisse aller chaque jour vers les Nancéiens, sur un mode participatif et immédiatement accessible.

Quatre grands éléments traduisent cette orientation :

UN SOUTIEN PLUS FORT AUX CRÉATEURS ET PORTEURS DE PROJETS

  • L’Art dans la ville, une nouveauté visible et partagée : création du parcours Art Dans Nancy avec 30 œuvres (David Walker, Lang Baumann, Jef Aérosol, Gé Pellini, Vhils, Jace, Momo, Graphic Surgery…), promotion du street-art (soutien à l’association Le Mur Nancy pour la présentation de fresques sur la façade du Centre commercial Saint Sébastien, expositions photos sur des cubes Place Simone Veil et en centre-ville
  • Le choix de développer l’art contemporain et le design, avec plusieurs grandes expositions à la galerie Poirel (ex : CharlElie Couture) et une convention triennale avec le Centre National des Arts Plastiques
  • Le festival NJP soutenu et protégé, grâce à la signature en octobre 2019 d’une nouvelle convention de partenariat 2019-2021 permettant d’engager tous les partenaires et d’augmenter progressivement la subvention
  • + 20 % pour le soutien aux associations culturelles (72 en 2014, 86 en 2018)
  • Ouverture en mars 2020 de « L’OCTROI Nancy », dédié à l’accompagnement et à l’aide à la création dans tous les domaines culturels et artistiques. 3 M€ d’investissements.
  • Un soutien financier constant, malgré les baisses de dotations d’Etat : Pacte Culturel 2015/2017 avec le Ministère de la Culture, nouvelles conventions pluriannuelles pour l’Opéra National de Lorraine (avec des travaux lourds en 2015 pour accessibilité handicapés, toitures, foyer), le CCN Ballet de Lorraine qui a célébré son jubilé en 2018 (avec étude, dans le cadre de l’étude du pôle Spectacle vivant, de faisabilité technique pour l’amélioration technique du bâtiment), L’Autre Canal qui a fêté ses 10 ans en 2017 (soutien amplifié pour 10 ans), le CDN – Théâtre de la Manufacture

UNE OFFRE CULTURELLE PARTAGÉE AVEC DE PLUS EN PLUS DE NANCÉIENS

  • + d’ouvertures gratuites : 1er dimanche du mois, Journées du Patrimoine, Nocturnes étudiantes, Nuit européenne des musées, Journée mondiale de l’Art Nouveau…
  • Nouvelles tarifications adaptées : Museo, City pass, Carte Jeunes Nancy Culture
  • Création et diffusion du journal « Culture A Nancy » à 45 000 exemplaires (3x par an)
  • Pour les jeunes, « Parcours au Coeur de l’oeuvre » = accès à tous les établissements culturels et la participation à des spectacles
  • Dans les bibliothèques, développement des actions en faveur des enfants : labellisation de la Ville « Premières pages » (2018), accueil de 100% des classes demandeuses (depuis 2017), journée des scolaires au LSP…

DES BIBLIOTHÈQUES – MÉDIATHÈQUES MODERNISÉES ET DE + EN + FRÉQUENTÉES

  • En lien avec le réseau Colibris et dans le cadre du dispositif Bibliothèque Numérique de Référence (BNR), déploiement d’une nouvelle offre de lecture : Création d’une nouvelle médiathèque St Pierre, Modernisation de la Bibliothèque Stanislas (2015) et de la Médiathèque Manufacture (janvier 2016) avec des espaces numériques et des jeux vidéo, renforcement de la médiathèque du Haut du Lièvre, Ouverture des sites web Limédia
  • Élargissement des horaires d’ouverture, tarif d’inscription unique et gratuités étendues
  • Aménagements pour l’accessibilité des bibliothèques : bornes audio… (2016)
  • Multiplication des événements grand public : Nuit de la lecture, Fêtes numériques, 33H, soirées, Fête de la Manufacture, Limédia Party, Ciné gaming orchestra…

LES NOUVEAUX PROJETS DES MUSÉES

  • Une politique d’entretien et de mise en valeur : programme d’entretien triennal du Musée de l’École de Nancy, projet de rénovation extension du Palais des Ducs de Lorraine – Musée Lorrain, soutien aux Bibliothèques-Médiathèques et aux Archives municipales
  • Une politique d’acquisition dynamique : + de 300 acquisitions nouvelles
  • Un mandat de grandes expositions : Autoportraits du Musée d’Orsay, Émile Friant, Nancy et la Lorraine dans la Guerre, Les artistes de l’École de Nancy et la Première guerre mondiale, chefs d’oeuvre de la tapisserie du XVIIème au XVIIIème…
  • Nouveaux services numériques pour les visiteurs : applis, nouveaux sites web, google street view (Près de 500 000 vues), systèmes de réservation en ligne…
  • Concertations avec le public pour construire ou améliorer les parcours de visites et les rendre plus accessibles (Obtention du Label national « Territoires innovants Les interconnectés »)

A ces quatre grands chapitres de notre bilan s’ajoutent deux points particuliers :
Le développement des Fêtes de Saint Nicolas, qui sont entrées dans une nouvelle dimension avec les premières étapes vers une reconnaissance par l’UNESCO, qui passe par une forte démarche participative : inscrites en 2018 à l’inventaire français du Patrimoine Culturel Immatériel, les Fêtes permettent désormais des rencontres intergénérationnelles et font appel à des commandes artistiques. Avec 300 000 spectateurs durant le grand week-end début décembre, elles sont devenues un véritable outil de développement et de fédération du territoire

  • Le patrimoine étant profondément associé à l’image de Nancy et à son rayonnement, nous avons investi plus de 25 M€ dans son entretien et son embelissement depuis 2014 : la rénovation de la Villa Majorelle (extérieur et intérieur) et du Musée de l’Ecole de Nancy, le lancement du chantier du Palais des Ducs de Lorraine qui ouvrira en 2023, l’ouverture de la bibliothèque Saint Pierre et réalisation d’une bibliothèque numérique de référence avec le sillon Lorrain, la rénovation et mise en lumière de toutes les portes historiques de Nancy (Désilles, Porte Saint-Nicolas, Porte Saint-Georges…), le lancement de la rénovation de l’Hémicycle Charles de Gaulle, la restauration de l’Obélisque de la Place Carnot, le chantier du Grand Hôtel qui sera en 2022 le seul hotel 5 étoiles de Lorraine

Je pourrais aussi vous parler des actions de sensibilisation à destination de différents publics, elles aussi renforcées avec la signature du contrat territorial d’éducation artistique et culturelle entre la ville le ministère de la culture et le ministère de l’Education Nationale, l’organisation de nocturnes étudiantes, la programmation de concerts pédagogiques et de découverte, la mise en place d’opérations ciblées pour lutter contre l’illettrisme…
La période 2014 – 2020 a été très riche. Pour conclure, parce que c’est un débat souvent mis en avant par certains candidats, je rappelle que cette période a aussi été marquée par de nombreux prix et labels en reconnaissance des actions déployées :

  • 2019 : Prix de l’innovation numérique en bibliothèque pour Limédia, Nancy Prix des Villes inclusives, Label « le musée sort de ses murs » pour l’opération « le musée des Beaux Arts à l’Hôpital »
  • 2018 : 10ème position du classement de l’express des villes avec la meilleure offre culturelle
  • 2017 : Label d’Or Territoire innovant pour le projet numérique du Palais des Ducs de Lorraine – Musée Lorrain, Prix CAP’COM de la presse territoriale – catégorie maquette pour le magazine CAN,
  • 2016 : Grand prix de la critique pour Orfeo de Rossi, Nancy, 6e du classement européen des villes Art Nouveau…)

Nordine Jouira (FI). Les atouts de Nancy sont nombreux et ne demandent qu’à être développés et soutenus. La ville est riche de son histoire, dotée d’un patrimoine culturel exceptionnel, de bâtiments prestigieux, de musées, d’une vie culturelle intense (théâtre, danse, musique, cinéma, arts plastiques, etc.), d’une vie associative dynamique, d’événements phares, etc. La politique culturelle actuelle se caractérise par :
— l’obsession de l’attractivité et de la marchandisation pour servir des investisseurs privés ;
— un accès inégal aux pratiques culturelles ;
— des projets culturels descendants émanant pour la plupart de la majorité en place ;
— des événements culturels majeurs à destination des touristes plutôt que des habitant·es.

Mathieu Klein (PS, PCF). Un bilan sans audace, Une politique culturelle sans vision. Un bilan marqué par un retard considérable en matière d’éducation artistique et culturelle. Un mandat perdu par les trop faibles moyens accordés aux cultures alternatives et émergentes. En 2014, plusieurs projets intéressants ont été annoncés comme des ateliers laboratoires, un tiers lieu innovant…rien de bien concret n’a vu le jour. Quant au tiers lieu l’Octroi, les acteurs culturels de la ville s’en sont jusqu’alors très peu emparés. Prévu initialement pour 2018, il n’est toujours pas opérationnel.
Plus largement, malgré un niveau d’activité culturelle correct pour une ville de plus de 100 000 habitants, Nancy peut vraiment mieux faire. Et mieux faire commence par mieux faire savoir, car nous ne sommes que trop rarement sur la carte de la culture en France et en Europe.

Villa Majorelle © Ville de Nancy

Quels axes de politique culturelle souhaitez-vous mener en cas de victoire ?

Laurent Hénart (LREM, LR). Avec Rani Calderon, chef d’orchestre et ancien directeur musical de l’Opéra National de Lorraine, qui s’engage avec moi pour ces élections, nous voulons libérer toutes les énergies créatives de la ville. Nous voulons déployer une offre culturelle qui soit encore plus proche des Nancéiens, immédiatement accessible, porteuse d’une ambiance de ville, comme il l’a fait en sortant l’Opéra dans la rue.

Nous voulons d’abord sortir la culture des certains cadres habituels :

  • Créer un nouvel événement sur les arts nouveaux et l’émergence artistique d’aujourd’hui (design, arts plastique, fooding, mode, street art, musiques urbaines …) au printemps
  • Compte-tenu du succès des animations Son et Lumière Place Stanislas, étendre la valorisation du patrimoine par l’art numérique, à l’aide d’animations tout au long de l’année (par exemple un dispositif par saison).
  • Proposer une version dansante des Rendez-vous Place Stanislas
  • Créer des “promenades lumineuses nocturnes dans Nancy” afin de mettre en valeur le patrimoine (installation de projections d’oeuvres dans certaines rues) dans les quartiers de Nancy
  • Solliciter les acteurs culturels de la ville pour les inviter à s’emparer des rues, et créer des évènements artistiques sur l’espace public : expositions éphémères, street art, musique (« poursuites » au sein de lieux insolites), danse, sculpture, projections cinématographiques, etc.
  • Valoriser une programmation “l’été à Nancy”, comportant les événements actuels complétés par la rénovation du petit théâtre, des activités pour les jeunes publics, mais aussi “NanCiné”, projection de cinéma en extérieur et tournant de parc en parc
  • Exposer des reproductions d’oeuvres d’art dans les arrêts de transports en commun

Nous voulons aussi valoriser la vitalité culturelle de la ville :

  • Livrer le palais ducal rénové en 2023 et en faire une locomotive de l’économie touristique
  • Obtenir l’inscription des fêtes de Saint-Nicolas au patrimoine mondial immatériel de l’humanité (UNESCO), ce qui permettra de valoriser notre patrimoine tout en confortant notre attractivité culturelle et économique
  • Transformer les surfaces utilisées en réserve à la bibliothèque Stanislas pour en faire des lieux de vie, dans un espace au cœur de la cité, en inscrivant le bâtiment dans un projet urbain de centre ville
  • poursuivre la politique ambitieuse de préservation et de valorisation du patrimoine (place Carrière et palais du gouvernement, basilique Saint-Epvre, temple protestant …)
  • Rénover la médiathèque du Haut du Lièvre (espaces, ergonomie) pour une plus grande fonctionnalité et mieux répondre aux besoins de la population
  • Prolonger la carte Nancy Familles, qui favorise l’accès à l’offre culturelle
  • Mettre en œuvre un pôle “spectacle vivant”, associant l’opéra national, le centre chorégraphique national et le centre dramatique national

Enfin, il faut intensifier notre soutien à l’accès à la création artistique :

  • Conforter l’Octroi comme lieu de création artistique en même temps qu’un moteur d’activité et pour les industries culturelles et créatives, en s’appuyant notamment sur les acteurs à proximité
  • Créer un fonds municipal d’art contemporain, destiné à soutenir la création artistique locale, à faciliter l’enrichissement des collections municipales par des œuvres d’art contemporain et à assurer la diffusion, dans les établissements municipaux, de ces œuvres
  • Organiser “les tremplins musicaux de Nancy”, dont les lauréats se verront proposer des 1ères parties
  • Créer une direction des publics partagée par les institutions et les porteurs de projets pour mettre en œuvre le “contrat territorial d’éducation artistique et culturelle”, permettant ainsi à tous les enfants de bénéficier de parcours artistiques en vivant des expériences croisées, novatrices et formatrices.  Y intégrer une initiation au “design”
  • Conforter le rôle essentiel du conservatoire Régional du Grand Nancy et des écoles de musique associatives (EMAN, MJC, …) qui proposent un apprentissage et une pratique amateur de qualité.


Nordine Jouira (FI).
Nos objectifs : Les arts et la culture doivent permettre l’émancipation de la personne humaine, tout en garantissant aux professionnels des conditions de travail décentes.
Nous réaffirmons un principe, comme l’avait si bien dit André Malraux dans son discours de 1966 pour l’inauguration de la Maison de la Culture d’Amiens. Il fustigeait les industries culturelles qu’il appelait les « usines à rêves », parce que les usines à rêves « ne sont pas là pour grandir les hommes, disait-il, elles sont là très simplement pour gagner de l’argent ». Ainsi nous nous donnerons une obligation de moyens, mais sans ne prendre en compte que le résultat arithmétique : l’affluence ou le chiffre d’affaires…
Notre défi est de servir l’excellence, sans sombrer dans l’élitisme.
En effet, notre politique culturelle de proximité visera à la fois à permettre la diversité de la création et à garantir la diffusion et l’appropriation sociale de cette diversité. Favoriser les rencontres et les échanges constitue une étape nécessaire pour permettre aux citoyen·ne·s d’imaginer une ville pour tou.tes, demain, démocratique et solidaire.
Cela commence par permettre aux artistes et artisans d’art de pouvoir travailler sereinement à Nancy en leur fournissant des locaux et des hébergements au sein de tiers lieux qui pourraient voir le jour dans l’ancienne friche industrielle d’Alstom ou encore lors de la réhabilitation de l’Hôpital Central . Les résidences d’artistes permettront l’émergence de l’intelligence collective par le biais de l’art. La prochaine municipalité se doit de faire fleurir ces résidences, près des écoles, des associations, des centres sociaux, des hôpitaux, pour voir émerger la naissance de projets citoyens et humains : ateliers d’écriture, improvisation théâtrale, art éphémère, spectacles de danse, etc.

Nos propositions immédiates :
— refus de la baisse de budget de la culture ;
— association des artistes locaux aux grands événements ;
— politique tarifaire adaptée à tou.te.s ;
— soutien aux structures culturelles qui portent notamment des projets non marchands et des projets impliquant les citoyen.ne.s, notamment par la création de maisons des associations et de tiers lieux… qui suivra  l’évaluation des besoins en infrastructures culturelles et associatives dans chaque quartier, avec les assemblées de quartier ;
— démocratisation des pratiques culturelles dès le plus jeune âge, en lien avec les ensembles scolaires et les MJC ;
— développement de la culture auprès des seniors et personnes âgées, qu’elles soient isolées ou en EHPAD ;
— soutien aux écoles d’enseignements culturels, telles que le Conservatoire régional du Grand Nancy, tout en développant des sites décentralisés, pour favoriser leur accès par les quartiers éloignés ;
— soutien aux bibliothèques ;

Nos projets :
— création d’un conseil de la culture, associant les artistes, les citoyens, les lieux de formation et de création, les lieux de diffusion artistique, pour élaborer et débattre des orientations budgétaires ;
— mise en place d’ateliers participatifs dans les différents quartiers de la ville pour co-construire des projets culturels de proximité ;
— mise en valeur du patrimoine ancien et contemporain ;
— création de circuits / visites touristiques inclusifs accessibles par tou·tes ;
— opération « Mon art, Ma ville ! » : partenariat avec les écoles allant du premier degré à l’enseignement supérieur, où la Ville financerait des projets pour l’embellissement urbain ;
— soutien aux projets « hors les murs » mis en place par les institutions culturelles de la ville pour amener la culture directement auprès des habitant·es.

Mathieu Klein (PS, PCF). Je souhaite pour Nancy, demain, une culture de proximité plus inclusive, plus créative. Une culture qui permette à chacun de s’épanouir, de s’émanciper et de mieux trouver sa place dans la société. C’est le grand principe – toujours d’actualité – de l’éducation populaire qui est cher à mes yeux. Je souhaite ainsi mettre la personne au centre de notre politique culturelle, en privilégiant une approche qui stimule les coopérations entre les divers acteurs culturels, éducatifs, sociaux, citoyens et je compte également favoriser l’émergence de nouvelles formes de cultures, par le croisement des disciplines, donner la priorité à la création, développer les résidences d’artistes…

Pepiniere © Ville de Nancy

Quel serait alors le projet culturel emblématique de la mandature à venir ?

Laurent Hénart (LREM, LR). Plusieurs projets pourraient être qualifiés d’emblématiques. Citons en deux :

  1. Le projet de rénovation du palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain, dans une logique de complémentarité avec l’espace urbain du 18ème siècle classé au patrimoine mondial de l’UNESCO avec :
  • La mise en œuvre d’actions de sensibilisation sur la dimension architecturale, urbanistique et paysagère du projet de rénovation du musée
  • La conception d’outils et de supports (documents, visites, ateliers) permettant de comprendre le lien entre la rénovation du palais ducal et l’ensemble urbain 18ème siècle ;
  • Le développement d’actions de sensibilisation à destination de publics spécifiques : professionnels, étudiants, public de proximité…
  • La conception de matériel pédagogique ;
  1. Les Rencontres de Nancy, chaque printemps à partir de 2021 : une opération sur plusieurs sites (musée des Beaux-arts, galerie Poirel, Octroi, espace public…), feraient la part belle aux cultures urbaines.

Par leur programmation, la sélection de lieux, les Rencontres répondraient aux attentes de ce milieu et permettraient de fédérer, pour la première fois, des acteurs publics et des entreprises privées autour de l’art et des cultures actuelles. Les Rencontres de Nancy se développeraient à l’intérieur des institutions et hors les murs, combinant :

  • des expositions,
  • une programmation musicale en partenariat avec les acteurs du domaine.
  • des rencontres professionnelles (avec des artistes, des commissaires, des galeristes, des acteurs institutionnels…),
  • une foire permettant d’inviter les galeries et acteurs dynamiques du secteur privé, des commandes dans l’espace public.

Nordine Jouira (FI). Il s’agit de rompre avec la logique de grands projets, où le maire se place en créateur pour marquer son mandat, au profit d’un véritable soutien au foisonnement culturel existant. La collectivité doit avant tout être aux côtés des acteurs/actrices culturel·les, ni plus ni moins.

Mathieu Klein (PS, PCF). Notre projet culturel a été construit avec les habitants et les artistes lors de nombreuses réunions publiques organisées ces derniers mois. Voici quelques-unes des actions principales :
– 100% des enfants des écoles primaires profiteront de parcours artistique et culturelle de qualité.
– la création d’un nouvel événement ambitieux, fédérateur et créatif : « Quartier en fête » , il prendra place chaque année dans un quartier différent et mettra en valeur les habitants, les artistes et les composantes du quartier autour d’un festival de création
– les cultures émergentes et alternatives davantage soutenues
– les spectacles pour le jeune public et pour les familles développés
– des espaces collaboratifs, de travail et ou de répétitions pour les artistes et les habitants présents systématiquement dans les futurs projets de rénovations ou d’urbanisation de la ville
– la mise en place d’un conseil de la culture qui sera un espace commun de réflexions afin de travailler toute l’année avec des artistes, des habitants et des élus dans le but d’impulser des idées, de nouveaux projets
– le soutien affirmé bien sûr aux grands événements et institutions culturelles de la ville
– la création de la première Maison des Ecritures dans le Grand Est qui travaillera en partenariat étroit avec les médiathèques de la métropole, et les manifestations emblématiques de la ville autour du livre et de la poésie.

Kiosque de la Pépinière © Ville de Nancy

Si vous êtes élu, quel avenir pour la Villa Majorelle dans votre politique culturelle ?

Laurent Hénart (LREM, LR). La Villa Majorelle est une maison emblématique de l’Art Nouveau nancéien. Monument historique, Maison des Illustres, et propriété de la Ville de Nancy, la Villa Majorelle a fait l’objet d’importants travaux de rénovations extérieures, dévoilées au public pour les Journées du Patrimoine 2017, et d’une partie de ses espaces intérieurs qui ont été ré-ouverts au public à partir du 15 février 2020. Enrichie d’espaces d’accueil et d’outils de médiation dédiés à tous les publics, la Villa Majorelle s’impose comme un nouveau lieu incontournable dans la découverte de l’Art Nouveau nancéien rempli d’émotion. Cette rénovation poursuit un objectif essentiel : offrir aux visiteurs une immersion dans le Nancy 1900, avec la sensation d’entrer dans l’intimité d’une famille : les Majorelle. Une dernière tranche de travaux, ne nécessitant pas de fermeture au public est programmée en 2021-2022. Elle prévoit la recréation de la salle de bain et de la penderie attenante à la chambre à coucher et la création d’espaces didactiques et pédagogiques au premier étage ainsi que la rénovation de l’atelier de Louis Majorelle au 2ème étage.
Le projet de la Villa Majorelle a été conçu en lien avec le Musée de l’Ecole de Nancy, avec ses collections et son fonctionnement. Cependant, plus qu’un musée, la villa a été appréhendée comme une maison d’artiste où les visiteurs auront le sentiment d’entrer et de visiter une maison Art nouveau, celle de Louis Majorelle. En effet, cet édifice a l’avantage d’avoir conservé en grande partie son architecture et son décor d’origine ainsi qu’une partie de son mobilier. Sa rénovation permet , plus qu’au musée, de proposer un intérieur Art nouveau complet, rappelant le souhait de rénovation du cadre de vie prôné par l’Ecole de Nancy. La visite de la Villa Majorelle est donc complémentaire de celle du Musée de l’Ecole de Nancy. Un billet jumelé sera proposé. La villa a développé pour la réouverture, divers outils de médiation à destination de divers publics (application, visite virtuelle, …). Nous poursuivrons ce développement lors de la phase 2 de la villa en envisageant également, ces outils au Musée de l’Ecole de Nancy afin de mettre en valeur le riche fonds documentaire conservé par ce musée.
Par la suite, une réflexion sur le jalonnement touristique piétonnier est en cours. Le circuit Art nouveau a été identifié, une signalétique nouvelle sera proposée. Nous voulons développer une signalétique appropriée (jalonnement, identification édifices, …°), accompagnée aussi par un mobilier urbain adapté. Le tout en lien avec les parcours de découverte de ce patrimoine (version papier ou application ou autres outils numériques). En juin 2020, nous accueillerons également à nouveau le Réseau Art nouveau pour son Assemblée générale permettant aux membres de découvrir la Villa Majorelle rénovée. Enfin, en 2024, nous envisageons une manifestation sur le thème de « L’Art nouveau en Europe, un art en partage ». L’exposition montrera à travers des exemples issus de Nancy et d’autres villes européennes telles Bruxelles, Darmstadt, Vienne … les principes communs adoptés par les artistes et les industriels d’art français et étrangers, ayant permis la création d’objets inédits et modernes mais d’une grande diversité de style.

Nordine Jouira (FI). L’avenir de la Villa Majorelle ne peut s’appréhender qu’en valorisant l’ensemble du patrimoine laissé par l’École de Nancy. La gratuité des transports en commun facilitera les relations entre la Villa Majorelle, le musée de l’École de Nancy, le parc de Saurupt et le reste du patrimoine Art nouveau.
Cette « Maison des illustres » a vocation à retrouver son mobilier d’origine. Nous veillerons à ce qu’elle soit accessible à tou·tes dans le respect de l’architecture.

Mathieu Klein (PS, PCF). La Villa Majorelle, le Musée de l’Ecole de Nancy et plus largement le formidable patrimoine architectural art nouveau de la ville hérités de cette époque méritent une place plus importante dans la politique culturelle de la ville. Je souhaite créer des parcours de visite à vélo qui relient les différents sites remarquables avec la mise en place de nouvelles voies cyclables, des parcours piétonniers marqués au sol et le développement d’une application mobile. Je souhaite que cette villa devienne un lieu central et emblématique de l’art nouveau au niveau européen et redynamiser par la même occasion le réseau des villes européennes Art nouveau. Nancy contrairement à Bruxelles ou à Barcelone ne met pas suffisamment en avant ses atouts en la matière. De manière général ce mouvement artistique sans précédent et d’une grande richesse nous incite à être attentif à Nancy aux métiers d’art. Je souhaite créer une pépinière des métiers d’art et un salon autour des Métiers d’art en centre-ville.

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