Duo de Feu : Le Mellizo Doble d’Israel Galván et Niño De Elche

Mellizo Doble, Israel Galván © Kana Kondo

Quand deux astres du flamenco se percutent, l’illumination est totale. Le Mellizo Doble d’Israel Galván et Niño De Elche n’est rien moins que de cette trempe.

À ma droite, Israel Galván, danseur de génie et adepte de la table rase, réinventant le flamenco sur les cendres fumantes d’un feu rénovateur. À ma gauche, Niño De Elche, guitariste et chanteur non-orthodoxe mêlant à la tradition de sa musique séculaire des influences électroniques, punk et new-wave. Ce duo irrévérencieux, alléchant s’il en existe, pourfend les dogmes les plus contemporains, entêté jusqu’au bord du gouffre, prêt à toutes les audaces pour gratter le vernis imposé par les couches du temps et de mythification. Dans une simplicité scénographique totale, leur « double faux jumeaux » fait fi des faux-semblants, tout entier tourné vers la recherche du diamant originel de l’artiste, de son rapport à l’espace comme au mouvement guidé par la rythmique. La voix de l’un met l’autre sur la voie, ils s’accompagnent, se dominent, se suivent et se réinventent en cheminant sur un fil inconnu. Aux notes plaintives et habitées, scandées ou portées haut de Niño De Elche répondent en écho le zapateo d’Israel Galván martelant frénétiquement le sol de ses talons. La chemise blanche du chanteur renvoie aux chaussures immaculées de son comparse. Le spoken word voisine avec une supplique arabo-andalouse couronnée par une guitare endiablée. Un éclectisme savoureux rivalisant de facilité et d’inspiration avec les courbures tendues qui éclatent en rafales de gestes mesurés d’un danseur aussi magnétique en chemise noire soignée qu’en tablier de mineur à gratter un sable caillouteux avec ses pieds ou un… râteau pour enfant ! De quoi fasciner littéralement les néophytes autant qu’excéder les aficionados de l’âge d’or du genre.

Peu importe, ces deux enfants terribles en ont vu d’autres. Ils savent qu’ils œuvrent en pionniers d’un XXIe siècle synonyme de renouveau flamboyant pour le flamenco, avec l’immense Rocío Molina dont ils n’ont, tous les deux, pas croisé la route par hasard. Libres et inventifs, en quête de l’essence primitive et ultime des gestes, ils ne manquent pas de rendre un hommage appuyé à l’une des grandes bailaoras du début du XXe siècle, Magdalena Seda Loreto, surnommée “La Malena”, ni de faire un clin d’œil à Eugenio Noël, poète de la même époque et farouche opposant à la corrida et aux « canailleries de la danse flamenco ». Après leurs incursions dans une Fiesta tournant mal, dans l’ensorcelant Dju-Dju et dans les inspirations gitanes du répertoire d’avant-garde d’El Amor brujo, les sorciers redoublent d’envoûtements…

Teaser Saison 2021/2022 de Ma Scène Nationale (Avec Le Mellizo Doble d’Israel Galván et Niño De Elche)

Au Théâtre de Montbéliard vendredi 28 janvier
mascenenationale.eu

vous pourriez aussi aimer