Marion Collé se met à Traverser les murs opaques

© Vasil Tasevski

Avec quatre circassiennes, Marion Collé se propose de Traverser les murs opaques dans un mélange poéticophysique d’empouvoirement puissant.

«Dans les cendres / dans l’éclatement / broie le déni / débrise le vent / dans le cratère / dans l’immédiat / aime encore / aime plus fort / traverse les murs opaques / perce le tympan du temps / l’amour est une lave / en révolte / contre la mort et le néant. » Ces quelques vers de Marion Collé, publiés parmi un ensemble aux Éditions Bruno Doucey, affleurent dans sa nouvelle pièce. Cordes, trapèze et fils sont installés dans une configuration sur-mesure pour cinq acrobates oeuvrant dans l’aérien. Jouant de l’obscurité de la salle, la fumée qui s’y répand est sculptée en formes bigarrées et changeantes par la lumière, traçant un réseau de lignes sur lesquelles les corps féminins se meuvent entre suspension et fragilité de l’équilibre. La metteuse en scène poursuit le sillon initié avec Autour du domaine, entrelacs de poèmes d’Eugène Guillevic sur lesquels elle explorait – déjà avec Chloé Moura – un dessus et un dessous intérieurs, sillonnant la notion de frontière. Sa nouvelle création collective marche dans ces traces anciennes. Traverser les murs opaques est une recherche de surgissement révolutionnaire, d’élans de sensibilité se rejoignant dans une solidarité de fragments. « Je serai toujours attentive à la beauté qui surgit de l’épars. À la projection de soi, vers les autres. À l’aube qui s’achève. À la lumière de l’aube suivante. Il faut se préparer sans cesse à traverser les murs opaques, les traverser, puis recommencer. Recommencer à se préparer. Se préparer à recommencer. Retraverser », lâche, tel un manifeste, l’ancienne pensionnaire du Centre national des Arts du Cirque de Châlons-en-Champagne. Le corps vibre au milieu de poudre de couleur façon fête de Holi, quand il ne se suspend pas sous les bras, la tête en bas ou ne défie l’attraction terrestre en équilibre sur un filin tendu dans le clair-obscur. Face au sentiment d’impuissance, l’un des maux de notre époque, la fildefériste et ses comparses livrent leurs rêves de soulèvement, leurs visions de résistance passant autant par le corps que par le sensible. La promesse de lendemains à réinventer, de jours meilleurs en sommeil, en chacun de nous, est lancée. « Je t’en fais le serment / je sauverai nos joies de vivre / des terreurs du présent / fragile comme une bougie / tenace comme une guerrière / je resterai debout dans la nuit / et je ferai son affaire / à la mélancolie. »

Marion Collé : Traverser les murs opaques © Vasil Tasevski
Marion Collé : Traverser les murs opaques © Vasil Tasevski

À La Comète (Châlons-en-Champagne) mercredi 10 mai (dès 10 ans) puis au Maillon en coréalisation avec le TJP (Strasbourg) mardi 16 et mercredi 17 mai

la-comete.fr maillon.eutjp-strasbourg.com
> Rencontre avec les artistes mercredi 17 mai après la représentation du soir

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