Malléabilité textuelle

Photo de Gurshad Shaheman par Jeremy Meysen

Entre papier et plateau, le Festival Primeurs promeut l’écriture dramatique contemporaine, la traduction et le processus de création théâtrale. Zoom sur sa 13e édition.

Quatre propositions scéniques, une lecture bilingue et une pièce radiophonique. Prônant les collaborations cosmopolites, ce rendez-vous binational liant le Saarländisches Staatstheater de Sarrebruck au Carreau de Forbach loue les auteurs dramatiques francophones et l’interprétation de leurs œuvres sur scène. Les règles du jeu sont drastiques : pas plus de dix répétitions, des représentations de moins d’une heure et une scénographie montable et démontable en quinze minutes maximum. Autre particularité, la dramatique radio produite en live sur la scène de l’Alte Feuerwache Quand viendra la vague d’Alice Zeniter (28/11), traduite en allemand par Frank Weigand récompensé comme meilleur traducteur des deux dernières éditions et encore en lice pour celle-ci. Les six œuvres sélectionnées se rassemblent autour du thème de l’autofiction, à base de confessions ou de recherches documentaires comme Alban Lefranc dans Steve Jobs (29/11, Alte Feuerwache). Après avoir notamment déconstruit et reconstruit les vies de Mohamed Ali et Andreas Baader l’auteur aborde celle de celui qu’il nomme « Maître des Maîtres ». Touch me, Taste me, Trade me. Partagée entre Orient et Occident, la trilogie Pourama Pourama de Gurshad Shaheman (27/11, Le Carreau) expose la vie d’un adolescent résidant en Iran pendant la guerre contre l’Irak avant de se rendre en France où il vit ses premières relations homosexuelles. Unique événement en français surtitré en allemand, l’auteur y propose une version réduite, spécialement conçue, dans laquelle il joue et lit.

Phot d’Elise Noiraud par Ingrid Grazani

Remarqué lors du Festival d’Avignon Off en 2019, Le Champ des possibles d’Élise Noiraud (29/11, Alte Feuerwache) illustre l’entrée à l’âge adulte d’une jeune étudiante quittant province et famille pour se lancer dans le théâtre à Paris. Initialement conçu pour être joué par un comédien interprétant plus d’une dizaine de rôles, la metteuse en scène Sue Franz préfère y introduire trois acteurs supplémentaires. Écrite pour le Festival d’Avignon Off en 2017, Le Fils (30/11, Alte Feuerwache) traite l’ascension et la chute d’une femme qui dérive vers un radicalisme religieux, au détriment de sa famille dont certains membres ont été ici ajoutés à la distribution. L’autrice Marine Bachelot Nguyen examine de près la naissance d’une haine détruisant toute réflexion sensée chez une catégorie privilégiée loin de la pauvreté, de l’humiliation ou de l’exclusion.


Au Carreau (Forbach) et à l’Alte Feuerwache (Sarrebruck), du 27 au 30 novembre
festivalprimeurs.eu

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