Dreams are my reality : Cécile Arthus met en scène The Lulu Projekt de Magali Mougel

The Lulu Projekt, Cécile Arthus © Christophe Raynaud de Lage

Cécile Arthus met en scène The Lulu Projekt de Magali Mougel : entre roman d’apprentissage et fable poétique, elle nous plonge dans l’univers d’un adolescent pas comme les autres.

Au départ, se trouve le très beau texte de Magali Mougel publié en 2017 aux éditions Espaces 34, pièce construite en quatorze épisodes, qui sont autant de fragments d’existence d’un adolescent grandissant de l’autre côté du Mur. Grisaille des cités sans âme de la RDA plantées au milieu des champs. Lulu a des rêves plein la tête : partir dans les étoiles comme Valentina Terechkova – qui fut la première femme dans l’espace – ou en devenir une lui-même dans la galaxie punk. Mais le réel se rappelle à lui avec des évaluations scolaires faiblardes. Son univers est terne. Étriqué. Sa mère ne semble pas l’aimer plus que ça… Alors il s’échappe. Loin. Dans un monde imaginaire qu’il crée avec son pote Moritz, qui n’y voit goutte. Les mots de l’autrice claquent, entraînant ses personnages dans leur sarabande : « Tu penses aux planètes, au mouvement des astres, à leurs circonvolutions, à la puissance de l’infini d’un monde qui se déploie dans ta tête sans contour et ça chante dans ta tête sur un air des Sex Pistols et ils chantent pour toi tout seul Holiday in the Sun » (extrait de l’épisode 8 intitulé Taillez des haies, c’est bon pour la santé !). 

Rejetés et rêveurs, les deux compères écoutent de la zik, boivent un coup, croisent une fille sublime sortie de nulle part : ils s’inventent une vie hors des carcans imposés par une société qui corsète les corps et les âmes. Cette épopée initiatique et libertaire – métaphore du passage à l’âge adulte – a fasciné Cécile Arthus : « Depuis plusieurs années maintenant, je mets en scène des textes d’auteurs vivants. Il est important pour moi que le théâtre se saisisse des questions de société pour tenter d’en dresser le portrait, et de trouver à chaque fois une façon nouvelle de questionner l’être dans son contexte politique et social. Par le truchement de la fable et de l’imaginaire, du corps et des mots, le théâtre peut devenir un lieu de débat et de questionnement singulier, décalé, exigeant, ouvert à tous. Je m’oriente de plus en plus vers un théâtre dit “réaliste-épique” » explique la directrice de l’Oblique Compagnie (Thionville). Entre chorégraphie et théâtre, baignée par les musiques des années 1980 et 1990, sa mise en scène place le corps au cœur du propos : « Danse de colère ou du refus, danse d’effondrement ou de reconquête, lorsque les mots n’en peuvent plus, le corps vient exprimer les rapports qui se jouent entre les personnages. » Comment échapper à la norme sociale ? À cette question, l’autrice et la metteuse en scène donnent quelques fugaces et jubilatoires éléments de réponse.


Au Taps-Scala (Strasbourg) du 25 au 28 janvier et à l’Espace Simone Signoret (Vitry-le-François) mardi 5 avril (dès 13 ans)
obliquecompagnie.com

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