Aux enfants de la chance

© Oblique Compagnie

Les ados parlent aux ados. Telle est l’idée des Enfants d’Edward Bond monté par Cécile Arthus qui met en scène une vingtaine de jeunes Mosellans autour d’une question : comment grandir dans un monde si violent ?

Ils sont de plus en plus nombreux, les metteurs en scène qui s’interrogent, sans détours, sur la jeunesse actuelle. Comme si le véritable enjeu du théâtre était là, désormais. C’est en tout cas l’avis de Cécile Arthus, artiste en résidence au Nord-Est Théâtre de Thionville, qui porte à bout de bras un projet protéiforme autour des Enfants de Bond. « Comme lui, je crois que le théâtre et l’imagination peuvent jouer un rôle pédagogique » un rôle « qui permettrait enfin de libérer notre monde de ses maux enracinés, violence et injustice. Il s’agit d’aider les enfants, par le théâtre, à avoir une meilleure compréhension d’eux-mêmes et du monde dans lequel ils vivent », affirme-t-elle, citant l’auteur anglais. Pour constituer sa troupe, elle a frappé à toutes les portes, des collèges et lycées aux maisons de quartier et centres socioculturels, mobilisant « les ressources déjà existantes sur le territoire ».

Une vingtaine d’adolescents ont répondu présent. « Il s’agit d’une histoire à plusieurs voix. Certains travaillent sur la vidéo, un groupe de rock fait la musique, d’autres montent pour la première fois sur une scène de théâtre, accompagnés par deux comédiens professionnels », ajoute Cécile Arthus, qui a mené ses ateliers autour d’un travail d’improvisation. « Auparavant, nous avons rencontré des jeunes de Thionville et récolté leurs paroles, qui sont intégrées dans le texte de Bond, comme le demande l’auteur. » Un matériau malléable, pour un théâtre au plus près de la réalité d’une région et d’une époque. Mais Les Enfants reste une histoire tragique, celle de Joe, contraint par sa mère à mettre le feu à une maison. Un enfant meurt dans l’incendie et la mère nie toute responsabilité dans ce drame. Joe s’enfuit avec des amis pour échapper à la police. Commence alors un long voyage initiatique dans un monde abandonné, post-apocalyptique et quasi surnaturel. « Pendant son périple, Joe est à la recherche de la figure tutélaire du père et de ses propres limites. Il évolue dans une violence omniprésente mais va, peu à peu, prendre conscience que c’est à lui de s’emparer de ses responsabilités, de construire son chemin, de sortir des schémas. Le dénouement est optimiste puisqu’il se retrouve seul et considérablement changé, sachant qu’il doit trouver quelqu’un pour réinventer l’être humain. Edward Bond considère toujours qu’il faut des situations extrêmes pour que l’humanité réapparaisse. » Si la pièce n’apporte pas de réponses aux questions qu’elle soulève, c’est pour que le spectateur prenne le relais et devienne « co-auteur du spectacle ».

À Thionville, au Théâtre en Bois, vendredi 17 et samedi 18 mai
03 82 82 14 92 – www.nest-theatre.fr

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