Les sales gosses

Diogenes und die bösen Buben von Korinth, 1893, Münchener Bilderbo- gen, Nr. 350, Slg. D. Ante

Avec Images et Histoires, le Museum LA8 consacre une importante rétrospective à Wilhelm Busch (1832-1908), dessinateur majeur de l’aire germanique qui créa Max et Moritz.

Si dans l’imaginaire collectif allemand, le nom de Wilhelm Busch demeure indissolublement lié aux immenses
succès d’édition de Max et Moritz paru en 1865 (en 1908, plus de 430 000 exemplaires d’un ouvrage qui en était à sa 56e édition avaient été vendus) et de La Pieuse Hélène (1872), il n’en reste pas moins qu’il fut un peintre accompli tout au long de son existence. Dans cette exposition se découvrent ainsi un ensemble de toiles – il en laissa plus de 900 qui ne furent connues qu’après sa mort – de celui qui avait été formé à Düsseldorf, puis à Anvers, où il s’était frotté à la peinture amande du XVIIe siècle, admirant profondément Rubens. Dans ses portraits et paysages aux teintes souvent terreuses se mêlent observation stricte et liberté du trait qui, tantôt tutoie l’abstraction, tantôt est inspiré de la photographie, un medium avec lequel Busch a grandi.

Wilhelm Busch: Selbstbildnis in Graublau (1869) , Öl auf Holz, Museum Wilhelm Busch – Deutsches Museum für Karikatur und Zeichenkunst

Le parallèle entre une huile intitulée Friedl le bossu en veste rouge (réalisée dans les années 1880) et certaines de ses histoires dessinées est saisissante. À travers dessins, gravures ou éditions originales, l’exposition fait la part belle à celui qui fut un précurseur de la BD avec ses histoires dessinées parues dans les Fliegende Blätter (une épopée débutant dès 1859 avec Les petits voleurs de miel) et les Münchener Bilderbogen. Le dessin est rond et précis, le découpage de l’action innovant, l’animation narrative permanente : devant nos yeux se déploient des planches délicieusement cruelles où se mêlent références à l’esprit des fables antiques ou des contes de Grimm et acerbe critique de la société de son époque. S’y croisent une grenouille luttant contre un couple d’oies tentant de l’écarteler, deux chenapans faisant rouler Diogène dans son tonneau mais finissant aplatis par lui (dans une image anticipant le meilleur de Tex Avery), La Pieuse Hélène (où l’hypocrisie bourgeoise est brocardée dans un personnage à la sordide destinée) ou encore un pianiste se colletant furieusement avec son instrument.

Wilhelm Busch: „Finale furioso.“
aus: Der Virtuos (1868), Münchener Bilderbogen Nr. 465, Slg. D. Ante

Pessimiste invétéré tendance Schopenhauer, Wilhelm Busch balance des histoires pleines d’un humour noir, dont Max et Moritz sont les parangons : voilà deux garnements sournois et mal intentionnés qui terrorisent un village, enchaînant les tours pendables… et finissent en aliments pour oie après avoir été broyés ! L’exposition s’achève avec les multiples descendants des deux galopins dont The Katzenjammer Kids (en France la série est connue sous le nom de Pim, Pam, Poum) que l’auteur américain d’origine allemand Rudolph Dirks créa en 1897.


Au Museum LA8 (Baden-Baden), jusqu’au 3 mars 2019

museum.la8.de

Les visiteurs peuvent emprunter un audioguide et une loupe à l’accueil

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