Les lumières de la ville

La neuvième édition de Strasbourg-Méditerranée rêve d’une cité meilleure et crée un « espace citoyen » irriguant l’Eurométropole de moments de réflexions, de projections, d’animations, d’expositions ou de chansons.

Rêver la Ville (thématique 2015), la réinventer, c’est aussi se réapproprier l’espace public et ouvrir le débat avec les habitants des quatre coins de l’agglomération, comme le festival le fait avec plus de 75 manifestations. Salah Oudahar, directeur artistique, veut questionner la cité dans tous ses aspects : « Ouverte ou fermée – notamment aux migrants –, métissée ou exclusive, avec ses frontières et ses fractures, son passé ou dans ses expressions les plus contemporaines, sa réalité et ses utopies. Bien sûr, les villes méditerranéennes seront mises en scène à travers leurs poètes, créateurs, artistes, militants ou acteurs de la vie publique. » Pour lui, la ville d’aujourd’hui est un projet collectif à l’âge de la mondialisation et des révolutions numériques, c’est « la plate-forme par excellence du politique ». Il rappelle que lors du Printemps arabe, les citoyens ont réinventé les forums démocratiques, en Égypte place Tahrir ou en Turquie place Taksim. Il cite encore les Indignés de Madrid sur lesquels le festival propose un focus. La métropole européenne a-t-elle un rôle particulier à jouer dans l’invention d’une nouvelle cité ? Il faut remonter aux années 1990 où Strasbourg a, « avec le Parlement international des Écrivains, été le théâtre d’une mise en œuvre des “villes-refuges”, en compagnie de Derrida ou Bourdieu. » À l’époque, le monde était en émoi suite à la persécution d’artistes, comme Salman Rushdie, un des membres fondateurs du Parlement. « Un réseau d’une quinzaine de “villes-refuges” s’est créé en Europe, permettant d’accueillir les artistes menacés et de leur offrir les conditions nécessaires à leur art. Vingt ans après, il nous semble essentiel d’interroger cette notion, alors que la crise est devenue plus aiguë et que des millions de personnes sont concernées. »

Stras-Med, ce sont des débats, des rencontres, notamment autour de l’écrivaine Assia Djebar, ou des ateliers durant lesquels des habitants des quartiers de la Montagne Verte, de l’Elsau et de Koenigshoffen matérialiseront leur Village utopique en maquettes, en compagnie d’artistes. Le festival mêle moments de réflexions et instants festifs, par exemple avec un concert hommage au grand Lili Boniche – « chanteur juif algérien de musique arabo-andalouse, symbole de réconciliation » – ou un final proposé par l’Orchestre national de Barbès. Sympathique clôture offerte par un groupe considérant son quartier comme un pays sans frontières.

À Strasbourg et dans l’Eurométropole, à la Salle de la Bourse, la Cité de la Musique et de la Danse, l’Espace culturel Django Reinhardt, l’Espace culturel de Vendenheim ou la Salle des Fêtes de Schiltigheim, du 21 novembre au 5 décembre

Présentation publique du festival, samedi 7 novembre à 17h, à la Médiathèque Malraux

Exposition Oran, sur les pas de Kamel Daoud de Ferhat Bouda, du 21 novembre au 4 décembre à La Salle de la Bourse à Strasbourg

 

www.strasmed.com

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