Le Crac Alsace perd le nord

Ana Mogli Saura, Carta-o-grafia (passeio regenerative), 2022. Courtesy of the artist

Avec Les quatre points cardinaux sont trois : le sud et le nord, le Crac Alsace explore les effets continus d’une année où le monde a changé. 

Les dessins de Sheroanawe Hakihiiwe décrivent la réalité. L’artiste Yanomami, qui vit dans une communauté reculée de l’Amazonie vénézuélienne, représente avec ses mains ce qu’il voit avec ses yeux dans la forêt où il est né, aujourd’hui menacée : la queue d’une raie dans les eaux souillées de l’Orinoco, l’Esprit du serpent Hiputu, la Lumière de la foudre qui s’abat sur la Terre… Pour cette érudite exposition au titre tiré d’Altazor, chef-d’œuvre poétique de Vicente Huidobro, le plasticien Amilcar Packer a réuni une quinzaine d’artistes latino-américains, évoquant la permanence de la violence coloniale sur la nature, les esprits et les corps, depuis la conquête du continent. 

On y croise les femmes nues – tout d’Ocre recouvertes – mises en scène par Anita Eckman devant les peintures rupestres plurimillénaires des montagnes brésiliennes de Capivara, les rituels chamaniques de la trans-anarco-féministe Ana Mogli Saura (Ouverture du croisement), les ponts lancés par-dessus l’Atlantique par le Bahianais Ayrson Heráclito pour refonder les liens entre Salvador et Gorée (Sacudimiento)… et même un morceau de la météorite d’Ensisheim, cette “Pierre du Tonerre” tombée en Alsace en l’an 1492, précisément ! 


Au Crac Alsace (Altkirch) jusqu’au 15 janvier 2023 
cracalsace.com 

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