L’Âge d’or au Musée Courbet d’Ornans

Jacopo Zucchi, L’Âge d’or / Das Goldene Zeitalter, vers / um 1570. Florence, Gallerie degli Uffizi, Galleria delle Statue e delle Pitturearis – Inv. 1890 n. 1548 © Gabinetto, Fotografico delle Gallerie degli Uffizi

Au Musée Courbet, L’Âge d’or explore paradis, utopies et rêves de bonheur en faisant dialoguer la Renaissance avec le XIXe siècle.

Imaginé par Hésiode, dans Les Travaux et les jours, l’âge d’or est cette période où les hommes vivaient en harmonie, où « la terre fertile produisait d’elle-même d’abondants trésors ; libres et paisibles, ils partageaient leurs richesses avec une foule de vertueux amis », écrit le poète grec. Le mythe, représenté par Hendrick Goltzius en 1598 dans une composition éblouissante de sensualité, se retrouve dans Les Métamorphoses d’Ovide (précédant les douloureux âges d’argent, de bronze et de fer) et la Bible, le paradis terrestre en étant un avatar. En témoigne une œuvre de Jan Brueghel le Jeune, achevée vers 1630 : au cœur d’un paysage idyllique où plantes et arbres sont peints avec une élégante minutie, animaux sauvages et domestiques vivent en bonne intelligence, tandis qu’en arrière-plan Dieu fait sortir Ève du flanc d’Adam. La beauté paisible de la scène renvoie à ce temps suspendu de la perfection caractérisant l’aube de l’Humanité. Lui fait écho un Paradis perdu (1867) d’Alexandre Cabanel, d’un académisme de bon aloi, dans lequel le corps de la femme pécheresse éclate d’une blancheur de porcelaine. Il est bien entendu que cette histoire est celle de la déchéance de l’Homme…

L'Âge d'or
L’Âge d’or: Gustave Courbet, Le Chêne de Flagey dit aussi Chêne de Vercingétorix, camp de César près d’Alésia, 1864. © Ornans, Musée départemental Gustave Courbet /
Photo : Pierre Guenat

L’exposition explore la redécouverte des textes antiques à la Renaissance, et la remise du mythe au goût du jour avec un somptueux dessin à l’encre brune de Giorgio Vasari, et une huile luxuriante de Jacopo Zucchi dans laquelle évoluent, gracieux, femmes et hommes nus sur les rives de fleuves de lait et de nectar. Le parcours nous emporte au XIXe siècle : le mythe ressurgit alors, après une éclipse, notamment à travers la légende du Pays de Cocagne où qui dort plus gagne, selon le titre d’un album publié par l’imagerie Pellerin d’Épinal ! Mais pour beaucoup d’artistes – notamment inspirés par le socialisme utopique d’un Fourier ou d’un Cabet –, l’âge d’or se situe dans le futur et non le passé. C’est manifeste chez Dominique Papety (avec son étude pour Un Rêve de bonheur des années 1840), Paul Milliet qui oppose les Vertus aux Vices sur un mode républicain, tendance monumentale, ou encore Paul Signac, anarchiste qui rêve d’émanciper le peuple. Dans une période marquée par la révolution industrielle, ils sont nombreux à vouloir tisser des liens nouveaux avec la nature, à l’image de Gauguin, Matisse ou Derain. Cette fascination pastorale se retrouve aussi, dans une certaine mesure, chez Courbet dont est accroché le magnifique Chêne de Vercingétorix (1864) qui pourrait, aujourd’hui encore, faire figure de symbole d’un âge d’or passé… ou à venir.


Au Musée Courbet (Ornans) jusqu’au 1er octobre
musee-courbet.fr

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