La voie du nord

Photo de Minna Hatinen

Immense chef finlandais, Esa-Pekka Salonen est en tournée continentale avec son Philharmonia Orchestra, présentant des pages de ses compatriotes Kaija Saariaho et Jean Sibelius à Luxembourg et Francfort.

Une des meilleures baguettes de la planète, celle d’Esa-Pekka Salonen, en osmose totale avec le londonien Philharmonia Orchestra que le virtuose dirige depuis 2008 : voilà ce qui nous est proposé pour un programme aux allures septentrionales débutant par Lumière et Pesanteur de Kaija Saariaho. La compositrice a offert cette page mystique au chef en 2009, un cadeau qui lui avait été inspiré par « son interprétation de La Passion de Simone à Los Angeles ». Il s’agit de la huitième station d’un oratorio qui en compte quinze, fondé sur un livret d’Amin Maalouf, explorant l’existence et l’œuvre de Simone Weil, la philosophe à qui l’on doit La Pesanteur et la grâce (à ne pas confondre avec la femme politique !). Autre Finlandais sur scène, le violoniste Pekka Kuusisto interprétera un tube, le Concerto n°1 de Prokofiev (à Luxembourg), et une page contemporaine étincelante, le Concerto du compositeur islandais Daníel Bjarnason (à Francfort-sur-le-Main).

Mais le gros morceau de la soirée, véritable shoot d’adrénaline sonore 100% finlandaise, consiste en deux pages de Jean Sibelius, le « plus grand symphoniste depuis Beethoven » pour le musicologue britannique Cecil Gray. Avec sa Symphonie n°6, il nous invite à une errance méditative dont il résume l’essence de manière lapidaire et poétique : « Quand les ombres s’allongent. » Autre tentative de définition, également éclairante : « Tandis que d’autres compositeurs vous livrent toutes sortes de cocktails, je vous sers quant à moi une eau froide et pure. » Le programme s’achèvera avec la Symphonie n°7, son ultime. Dans cette Fantasia sinfonica en un unique mouvement qualifiée de « Parsifal finlandais » par le chef Serge Koussevitzky, son inlassable propagateur, se retrouve le principe de croissance organique, si cher au compositeur, qui acquiert là son plein épanouissement. Il s’agit en effet d’un bloc unique dans lequel toutes les composantes sont apparemment fondues, mais, comme l’écrit François-René Tranchefort dans sa contribution au Guide de la musique symphonique, « l’art des transitions comme des polyrythmies s’y fait si souverain qu’il semble légitime, également, de parler de “métamorphoses symphoniques” » puisque les motifs, toujours reconnaissables, sont en mutation permanente.

 

À La Philharmonie (Luxembourg), mardi 26 septembre

philharmonie.lu

 

À la Alte Oper (Francfort-sur-le-Main), dimanche 24 septembre

alteoper.de

 

philharmonia.co.uk

esapekkasalonen.com 

 

 

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