La Nature de l’Homme

Photo de Benoît Linder pour Poly

Le sujet des œuvres de l’artiste allemand Nils-Udo (né en 1937) ? « La nature. Je la cherche en tant que telle », explique-t-il, refusant dans un sourire bien des interprétations de son travail, qu’elles soient liées au Divin ou au Romantisme germanique. Pour lui, elle est simplement la matrice et la matière première de sa création et permet « d’abolir la frontière entre l’art et la vie. » Le visiteur découvre les photographies des installations de ce pionnier du Land Art – terme qu’il n’aime guère – dans une exposition axée sur les quatre éléments. Pétales rouges bordant une fissure dans la terre volcanique de l’île de La Réunion, feuilles d’érable flottant au vent sur des hampes de mélèze au cœur d’un paysage montagneux autrichien, sculpture de racines délicatement entrelacées réalisée à Mexico City… Elles sont des variations éphémères aux résonances écologiques évidentes imaginées par un promeneur solitaire se déclarant « peintre avant tout. J’ai quelques décennies à rattraper, puisque j’avais longtemps abandonné mes pinceaux », s’amuse-t-il. Il est en effet revenu à l’huile au début des années 2000 avec de grandes toiles colorées rappelant parfois étrangement David Hockney où éclatent dans un surprenant chromatisme des feuilles, des branches, des fleurs…

À deux pas de la Fondation, sur les pentes du Hartmannswillerkopf, la montagne tueuse de 14-18, Nils-Udo a aussi réalisé une installation : « Je suis arrivé sans la moindre idée préconçue, en admirant le mélange de feuillus et de conifères qui fait la beauté de cette forêt. Ensuite, j’ai découvert les traces encore présentes, accablantes et pesantes, de la guerre et l’histoire sanglante de cette terre. Je ne pouvais pas ne pas l’intégrer. C’était la première fois que je travaillais à la fois avec la Nature et la nature de l’Homme », résume-t-il pour décrire un bunker recouvert de mousse d’une féérique poésie – avec, dans le vide béant de la porte d’entrée, des guirlandes d’œillets rouges – variation sur la nécessaire mémoire et l’inextinguible force de la vie.

À Wattwiller, à la Fondation François Schneider, jusqu’au 13 septembre

+33 (0)3 89 82 10 10 – www.fondationfrancoisschneider.org

 

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