Jonas Kaufmann & Ludovic Tézier au Festspielhaus

Jonas Kaufmann and Ludovic Tezier in Rome, 2022 for Sony Classical © Gregor Hohenberg

Deux chanteurs majeurs, le ténor Jonas Kaufmann et le baryton Ludovic Tézier, ont rendez-vous pour un récital d’anthologie à Baden-Baden.

Ils sont deux des plus grandes voix de la planète. Se connaissent depuis des années. Sont amis et viennent de publier un très beau disque joliment intitulé Insieme (Ensemble, en italien). Au début de la cinquantaine, les deux compères sont au sommet de leur art. Le premier se nomme Ludovic Tézier. Celui qui est un des barytons étincelant de la scène lyrique décrit ainsi son modus operandi : « Une fois qu’on a travaillé un rôle, qu’on s’est documenté, qu’on a intériorisé la mise en scène, il n’est plus nécessaire d’intellectualiser. Dans un spectacle, il y a quelques rendez-vous avec son cerveau : il faut en effet parfois se reconnecter, lorsque la partition est “sur le fil du rasoir” techniquement, mais le reste du temps, la soirée doit être gérée dans un relatif pilotage automatique pour qu’on soit “traversé” par l’oeuvre. Je n’ai pas la prétention de réussir ça – et surement pas à chaque représentation –, mais c’est un idéal… » Voilà des années qu’il poursuit cette quête du naturel, chantant avec son âme et ses tripes, puisqu’il est bien connu que, « premièrement : un cerveau ça ne chante pas. Deuxièmement, pour produire un son il faut mettre en branle une machine, une soufflerie, dans une véritable danse du ventre. »

Jonas Kaufmann & Ludovic Tézier in Rome, 2022 for Sony Classical
Jonas Kaufmann & Ludovic Tézier in Rome © Gregor Hohenberg for Sony Classical (2022)

Aux côtés du chanteur français, on retrouve son ami, le ténor allemand Jonas Kaufmann, superstar ayant quitté depuis quelques années sa chrysalide de fragilité juvénile pour voguer sur les eaux d’une maturité glamour riche en couleurs et en robustesse. On le constate sur Verismo Arias (Decca, 2016), où la netteté ne se laisse jamais subjuguer par l’émotion inhérente au patchwork musical choisi, dans lequel se mêlent extraits de Cavalleria rusticana, Andrea Chenier ou encore Adriana Leucouvreur. C’est aussi un récital kaléidoscopique inspiré de leur récent disque que proposent les deux hommes, accompagnés par la Deutsche Radio Philharmonie Saarbrücken Kaiserslautern dirigée par Jochen Rieder. La plus grande partie de la soirée est dédiée à Verdi, avec un duo célébrissime d’Otello (Tu?! Indietro! Fuggi!), l’ouverture d’I Vespri siciliani et un important bloc issu de La Forza del destino, dont les deux artistes sont des interprètes d’exception. Pour faire bonne mesure, des extraits du (trop) rare opéra d’Amilcare Ponchielli, La Gioconda, sont également au menu, dont le duo Enzo Grimaldi, Principe di Santafior.

Jonas Kaufmann & Ludovic Tézier

Au Festspielhaus (Baden-Baden) dimanche 8 janvier
festspielhaus.de

vous pourriez aussi aimer