French touch

Sébastien Rouland, Photo de Saarländisches Staatstheater

Nouveau directeur général de la musique du Saarländische Staatstheater de Sarrebruck, le chef français Sébastien Rouland aime sortir des sentiers battus. Rencontre.

Violoncelliste de formation, Sébastien Rouland n’a pas suivi le cursus honorum classique avec son passage obligé par un Conservatoire national supérieur. « J’ai arrêté assez vite », explique-t-il. Une blessure au pouce à dix ans et la conscience « d’avoir mieux à faire, ailleurs », le poussent vers la direction d’orchestre, domaine dans lequel il a deux mentors, Pierre Cao – « la grande tradition germanique et française, la rigueur, le sérieux, l’académisme » – et Marc Minkowski. Il « m’a donné ma chance, me prenant comme assistant alors que j’avais 21 ans. J’ai aussi été son chef de chœur huit ans. En résumé, j’ai appris mon métier à l’ancienne, en faisant. Autodidacte de génie, Minko’ a un profil  très atypique comme le mien c’est pour cela que nous nous sommes si bien compris. » Après avoir dirigé les plus grandes phalanges en guest, il pose pour la première fois ses valises, à 46 ans, dans une maison : directeur général de la musique du Saarländische Staatstheater depuis septembre, il connaît bien le nouvel intendant des lieux Bodo Busse1 avec qui il a noué, au fil des ans, une belle complicité et a vécu « un coup de foudre avec le Saarländisches Staatsorchester la saison passée dans Guillaume Tell. Il s’est passé quelque chose avec les musiciens. Ils m’ont poussé à me présenter », confie-t-il, visiblement ému.

Photo de Saarländisches Staatstheater

 

S’inscrivant dans la vocation franco-allemande de la Sarre2, les ambitions de ce « boulimique » sont élevées, aussi bien dans le domaine symphonique que dans le secteur lyrique. Si Sébastien Rouland désire que les musiques françaises et allemandes du XIXe siècle entrent en résonance, faisant redécouvrir des compositeurs oubliés – la Symphonie n°4 d’Albéric Magnard (31/03 & 01/04/2019), puis, la saison prochaine, un zoom sur Théodore Gouvy – il est surtout ouvert à toutes les expérimentations. Ravi de diriger un diptyque formé par Médée de Cherubini et Medea Senecae de Xenakis (19/01-27/04/2019) – « un projet complètement fou de Bodo » – il désire aussi collaborer avec Michel Fau3 pour mettre en scène un… Wagner ! Peut-être Tristan und Isolde qu’il envisage de glisser entre Die Walküre et Siegfried comme « une respiration » dans un Ring qui débute la saison prochaine. « C’est essentiel d’éclater les cases, d’aller plus loin », avec, par exemple, des concerts Showcase (Les Planètes de Holst avec un film de la NASA, 27/01/2019), résume celui qui se voit comme un catalyseur : « Il faut mettre toutes les bonnes volontés ensemble. Aller dans le même sens. Un orchestre n’est ni une monarchie éclairée, ni une dictature. »

si vous étiez…

Un opéra. Idomeneo, re di Creta de Mozart
Un compositeur. Francis Poulenc
Un chef. Carlos Kleiber ou Esa-Pekka Salonen
Un interprète. Mstislav Rostropovitch
Un instrument. Le violoncelle
Un concerto. Le Concerto pour violon de Sibelius
Une symphonie. La Fantastique de Berlioz
Une salle de concert. Le Theater an der Wien


staatstheater.saarland 

1 Voir Poly n°204 ou sur poly.fr
2 En 2013 a été lancée la Stratégie France avec pour objectif que la Sarre devienne le premier Land bilingue du pays à l’horizon 2043

3 Ils œuvrent ensemble sur Le Postillon de Lonjumeau d’Adolphe Adam à L’Opéra comique (30/03- 09/04/2019) – opera-comique.com


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