Fashion victims

Avec La Mode déshabillée, la dessinatrice Zoé Thouron et le sociologue Frédéric Godart proposent une plongée dans le look : histoire, enjeux, économie.

Dans cette passionnante enquête dessinée sur la mode, on retrouve le trait dynamique et débridé de Zoé Thouron, autrice nancéienne – fille du dessinateur de presse Lefred Thouron – formée à l’École d’art d’Épinal et à l’école supérieure d’art de Loraine de Metz. On ne s’étonne pas que cette Lorraine pur sucre ait livré Florange, une lutte d’aujourd’hui avec le scénariste Tristan Thil (qui avait suivi cette affaire caméra au poing, sortant un documentaire référence). Elle est ici associée à Frédéric Godart, spécialiste de la mode – dont l’ouvrage Sociologie de la mode est un succès tout autant qu’une référence – pour un opus de plus de 150 pages dont le guide se nomme Marie-Antoinette, fashion victim avant l’heure. Elle donnait le La au style de son époque grâce au talent de sa modiste Rose Bertin. Mais on est là face à une interrogation théorique. Mode ? Style Quels liens entretiennent ces deux concepts ? « La mode impose son pouvoir au style, c’est en quelque sorte son antithèse », répond le sociologue. Aride ? Que nenni. Par la magie des dessins et des textes – drolatiques, bien souvent – tout s’éclaire. Passant des dandys du XVIIIe, Beau Brumell en tête qui imposa un look austère (par rapport aux fanfreluches des “macaronis” britanniques dont l’extravagance avait le vent en poupe avant lui) à l’association “sandales / chaussettes (allant du kitsch à la tendance la plus pointue), les pages nous distraient, tout en nous instruisant… Le lecteur apprend l’origine de la célèbre “petite robe noire”, réfléchit sur des notions platoniciennes, découvre les looks délirants des rues de Tokyo et appréhende la mode comme secteur économique. Voilà kaléidoscope ludique et didactique !

La Mode déshabillée est paru chez Casterman (22 €)

www.casterman.com

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