Faites vos jeux

Dans le cadre de l’exposition d’art contemporain transfrontalière Regionale 12, la Kunsthalle de Mulhouse se transforme en terrain de jeux en rassemblant de nombreux works in progress d’artistes. Rien ne va plus…

Le but de Regionale ? Encourager la complémentarité et la coopération entre une quinzaine de pôles artistiques suisses, allemands et français. Faire en sorte que les acteurs culturels, les créateurs et les publics du canton de Bâle, du Bade-Wurtemberg et d’Alsace circulent, traversent les frontières. Regionale, ce sont des centaines de dossiers envoyés, épluchés et sélectionnés… mais aussi, depuis deux ans, des plasticiens directement sollicités par les structures qui construisent un propos à partir d’œuvres reflétant la création contemporaine. Accélérateur de Particules rassemble par exemple une vaste sélection de vidéos au Maillon-Wacken (Strasbourg) tandis que l’Ausstellungsraum de Bâle invite des plasticiens à transformer l’architecture de leur espace d’exposition. Il sera question de solitude au Kunsthaus Baselland (Bâle), de vitesse, ou plutôt d’éloge de la lenteur, au Projektraum M54 (Bâle), de flux d’information au Kunstverein Freiburg ou de Remise en jeu (titre de l’expo) à la Kunsthalle de Mulhouse…

Jeux (pas) interdits

Une exposition foisonnante, ludique, joyeuse comme une veillée de Noël dans le très sérieux centre d’art contemporain de la Ville de Mulhouse ? Non, Sandrine Wymann, directrice de la Kunsthalle, n’est pas tombée sur la tête et n’a pas décidé de changer de cap : « Nous revendiquons le choix d’accueillir des artistes qui sont parfois difficiles d’accès, comme Benoît Maire, mais il y a un temps pour tout. » Elle envisage cette manifestation « trépidante », qui invite créateurs et visiteurs à « jouer », comme une parenthèse (enchantée) en cette fin d’année. Pour Régionale 12, la Kunsthalle n’a pas eu recours à un commissariat d’exposition, mais a rassemblé un jury qui a choisi des artistes et un cadre pour une exposition vivante, offrant beaucoup d’entrées possibles et permettant des participations multiples. L’ancienne fonderie sera divisée en différents espaces avec leur propre modus operandi. Certains, comme la poignée d’élèves en cinquième année du Pôle Alsace d’enseignement supérieur des arts (soit Le Quai + l’Ésad), font évoluer leurs pièces durant le temps de l’exposition. Ils ont été invités à consulter les dossiers des candidats avant de choisir un artiste et de développer un dialogue. Les étudiants et leurs binômes (parfois confirmés et bien souvent d’une autre nationalité) ont, depuis septembre, commencé à produire des œuvres originales résultant d’une conversation et donnant naissance à des formes sculpturales, de très nombreuses performances (avec des rendez-vous précis au cours de l’expo), de (nombreux) dessins, des travaux vidéo ou peintures in situ.

Nettoyage à sec

Outre les œuvres participatives (« pour impliquer les visiteurs ») issues des collections de L’espace Gantner de Bourogne, la Kunsthalle présentera aussi une projection permanente d’une vingtaine de vidéos. Mises bout à bout et diffusées en boucle, ces six heures font songer aux « 24h du Mans : ça tourne sans arrêt durant toute la journée. » L’espace se transforme également en atelier, voire en officine, avec les Strasbourgeois d’Encastrable. « Enfin, ce sera plus la fête de la science que le labo scientifique », s’amuse la directrice de la Kunsthalle. Le collectif composé d’Antoine Lejolivet et de Paul Souviron a pour habitude de squatter les grands magasins type Casto pour y puiser la matière nécessaire à leurs sculptures faites à partir d’outils et matériaux. Avec le projet Exfoliant, ces bricol’boys mettent en marche des machines à laver durant le temps de l’exposition (sponsorisée !). L’idée ? Lessiver d’anciennes toiles, des “vieilles croûtes” dégottées sur les étalages poisseux de marchés aux puces. Le 5 janvier, une vente aux enchères, en présence d’un commissaire-priseur, permettra d’acquérir ces œuvres “nettoyées” et ré-encadrées. Démarche hygiéniste ? Attitude iconoclaste ? Critique de la société de consommation ? Ironie quant au système qui uniformise ? Geste éco-citoyen visant à recycler des toiles oubliées dans les greniers, afin de les “remettre en jeu” ?

Remise en jeu, à La Kunsthalle de Mulhouse, jusqu’au 8 janvier 2012

03 69 77 66 47 – www.kunsthallemulhouse.fr

Regionale 12, jusqu’au 8 janvier 2012 dans divers lieux en Alsace (Le Maillon-Wacken à Strasbourg, la FABRIKculture de Hégenheim…) en Suisse (Bâle) et en Allemagne (Fribourg)

www.regionale.org

 

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