Éternel et nu

Photo de Johanne Heather Anselmo

Après son diptyque Molière, Jean de Pange présente une adaptation chorale et dépouillée du mythe d’Hamlet, traduit par André Markowicz. Une virée mystique dans les brumes d’un pays de contes, le Danemark.

« Être ou ne pas être » n’est pas vraiment la question que se pose le metteur en scène en s’attaquant à ce « grand tube classique » de Shakespeare. Il s’agit plutôt d’interroger le mythe. Comment Jean de Pange entre-t-il dans La Tragique et mystique histoire d’Hamlet qui le suit depuis ses débuts au Conservatoire de Paris ? Par son « aura, son statut de bible païenne, un texte fondateur dans notre histoire européenne ». Le choix de rassembler des acteurs d’origines diverses (un Français, une Hollandaise, une Algérienne, une Britannique, un Marocain et un Danois) offre « un miroir tendu à la cartographie de la légende ». Durant deux heures trente, ce chœur de six acteurs-conteurs reste en scène. Chacun incarnant plusieurs des dix-huit rôles de la pièce, tous prenant en charge le récit d’Horatio racontant l’histoire d’Hamlet. « L’affirmation d’un certain théâtre » d’acteurs et de situations plus que de personnages dans lequel « on joue, mais sans faire semblant », dit Jean de Pange. Hamlet himself y fera écho dans la pièce : « Tout ce qui surjoue s’éloigne des propos du théâtre, dont la seule fin, du premier jour jusqu’au jour d’aujourd’hui, reste de présenter comme un miroir à la nature. »

Photo de Johanne Heather Anselmo

Shakespeare a bel et bien écrit ce texte « pour parler de sa pratique du théâtre », affirme le directeur de la compagnie messine Astrov. D’où la mise en abîme constante de sa théâtralité à travers le choix d’une scénographie dépouillée qui ne joue qu’avec les objets habituels d’un théâtre. Pendrillons, tapis de danse, piano droit, rideau de velours… Chaque élément sert la narration d’un plateau nu, immense et sans quatrième mur, les acteurs s’adressant parfois de manière directe au public. L’ambition de ce dispositif épuré et direct vise à « basculer dans la salle » en allant chercher le contact. En expérimentant « un théâtre “pauvre” », la troupe nous donne à voir et à entendre toute la richesse d’un texte inépuisable. Comme Horatio, à qui son ami Hamlet demande de conter son histoire, Jean de Pange et ses acteurs sont des passeurs.

 

À La Rotonde (Thaon-les-Vosges), du 10 au 12 janvier

scenes-vosges.com

Au Nouveau Relax (Chaumont), mardi 16 janvier

lenouveaurelax.fr

Au Relais culturel Pierre Schielé (Thann), vendredi 19 janvier

relais-culturel-thann.net

Au Taps Scala (Strasbourg), du 30 janvier au 2 février

taps.strasbourg.eu

À l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole, jeudi 15 et vendredi 16 février

opera.metzmetropole.fr

astrov.fr 

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