Disiz, ou la vie devant soi

Disiz, Casino © Clip produit par Idriss Tidjani

Après presque un quart de siècle de carrière, Disiz revient à la lumière avec L’Amour, enfin libre d’être tous ceux qu’il veut à la fois.

Sérigne M’Baye n’est décidément pas un rappeur comme les autres. Auteur du mémorable J’pête les plombs – premier single, sorti sur Poisson rouge en 2000, et énorme carton inspiré du film Chute libre de Joel Schumacher –, Disiz, ex-La Peste, a depuis produit une douzaine d’albums, s’essayant avec plus ou moins de bonheur à la house (Disiz The End), au rock ou même au punk (Dans le ventre du crocodile), tous genres bien éloignés des codes du milieu. En ce moment à l’affiche de La Cour des miracles, de Carine May et Hakim Zouhani, il s’est illustré au cinéma dès 2005 avec Dans tes rêves de Denis Thybaud, a joué Shakespeare au théâtre dans Les Amours vulnérables de Desdémone et Othello – aux côtés de Denis Lavant –, a obtenu un Diplôme d’accès aux études universitaires pour faire du droit en 2010, et a commis deux romans, dont le second, René, sorti chez Denoël en 2012, décrit une France en proie aux déchirements après l’arrivée de l’extrême-droite au pouvoir.

Disiz, Rencontre ft. Damso
Disiz, Rencontre ft. Damso

Né d’un père sénégalais et d’une mère bibliothécaire l’ayant élevé seule, l’ancien gamin de la cité des Épinettes à Évry, qui décrit son sinueux parcours artistique comme une seule et même quête de son identité métisse, revient aujourd’hui dans les bacs avec L’Amour. Un treizième disque aux sonorités de pop léchée, pour raconter cette fois son histoire de plus de vingt ans avec la mère de sa fille, détricoter les affres de la rupture – dans ce qu’elle a de plus dévastateur –, croquer les errances du coeur qui s’ensuivent à l’ère de Tinder… jusqu’à la renaissance affective. Le morceau d’ouverture, en forme de lettre concentrée de sincérité adressée à l’ex-femme aimée au milieu de magnifiques arpèges au piano, est à l’image de son titre, Sublime. L’éclectisme des quinze tracks déroute souvent, déçoit parfois, comme sur Emoji Soleil Jaune, qui emprunte plus qu’il ne joue avec les clichés de la FM des années 1980. Mais il émerveille également, surtout quand le chanteur s’allie à la voix incomparable d’Yseult sur une composition à l’intense sensualité (Catcheur) ou qu’il affronte le Belge Damso dans un duo d’anthologie – qui fait un tabac sur les plateformes de streaming comme sur TikTok, bien que totalement hors format –, pensé comme la Rencontre des partitions de deux jazzmen virtuoses aux univers diamétralement opposés. À la verve noire et rutilante du premier, avouant sans ambages être « un haineux », Disiz le quarantenaire fait une réponse solaire, qui pourrait aussi bien servir d’exergue à tout l’ouvrage : « Et moi j’suis, heureux / Avant j’étais, peureux / Est-ce que j’suis en feu ? / En tout cas j’suis heureux. » C’est tout le bien qu’on lui souhaite !

Disiz

Au Transbordeur (Villeurbanne) mercredi 9 novembre, à La Rodia (Besançon) mercredi 23 novembre, à La Cartonnerie (Reims) jeudi 24 novembre, à la BAM (Metz) vendredi 25 novembre et au Noumatrouff (Mulhouse) samedi 3 décembre


Édité par Sublime / Universal music
universalmusic.fr
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