Détonant, non ?

Photo de Polo & Pan (D.R.)

La Rodia de Besançon commence fort la saison avec la sixième édition de Détonation : déflagration de beats electro, déferlante de guitare, explosion de rythmes ensoleillés et fracas interactifs. Une prog’ du tonnerre !

C’est à la Friche artistique – l’ensemble d’un ancien site industriel et son hangar de stockage – près de La Rodia, qu’a lieu le festival. Un simple détail géographique ? Non, Détonation est un work in progress constant, une manifestation qui se réinvente édition après édition, en jouant le rôle de tête chercheuse et en misant sur les nouvelles technologies, notamment le mapping permettant de redessiner le contexte de ces trois jours pop. L’équipe des “détonateurs” insiste : il ne s’agit pas de « décorer les murs » avec un voile de modernité digitale, de les tapisser numériquement, mais d’interpeller le public, mieux, de le faire participer. C’est lui qui prendra part aux quatre installations interactives, jouant sur le mapping « non touristique ». Une des propositions artistiques invite les “spectacteurs” du festival à prendre un selfie et envoyer sa photo à une matrice se chargeant de découper tous les visages au scalpel virtuel pour en composer d’autres. S’emparer d’une pratique narcissique chère à nos contemporains et la métamorphoser en projet collectif, tel est l’enjeu de Selfie Glitch, produisant un mur de portraits hybrides et en mouvement permanent. Le public est pris à partie par les différentes interventions – toutes réalisées par Guillaume Bertrand, « le Géo Trouvetou local » –, mais aussi par les artistes musicaux qui lui feront souvent du pied afin qu’il bouge ses guibolles. Comment ne pas se mettre à danser frénétiquement et se sentir en Lévitation sur les beats du dijonnais Vitalic, auteur du récent Voyager ? Comment résister à l’appel de Polo & Pan, duo nous plongeant dans les abysses nostalgiques où résonnent des mélopées électroniques façon Jean-Michel Jarre période Calypso, nous téléportant dans un Pays imaginaire habité par des poissons volants et nous conduisant sur une Plage isolée, les orteils dans le sable fin et les oreilles dans les coquillages. Jean-Jacques (Perrey) et Jacques-Yves (Cousteau) ne sont jamais très loin…

On débarque dans le club

Durant ce « dernier festival de l’été… ou premier événement de la saison », il y aura du mainstream (Bigflo & Oli) et du pointu (DBFC). Du sérieux (la techno rusée de Renart) et du graveleux rigolo (Ktykeen Connasse). De la world grand public (Amadou & Mariam) et du rock à guitares (les mulhousiens de Last Train1, Supersuckers, Fai Baba). Détonation donne surtout la part belle aux sonorités électroniques, voire de club. Le hangar de La Friche se transforme en piste de danse géante gérée chaque nuit (19h30-3h) par des artistes locaux auxquels La Rodia a offert carte blanche. Ainsi, l’espace fait de béton et de poutres métalliques devient-il un dancefloor trance avec A Mad et ses invités, electro-hip-hop en compagnie de Dudy et ses amis et pop électronique avec Komorebi, récemment artiste associée à La Rodia. Les trois scènes extérieures – deux sous d’immenses tentes berbères et une dans une… caravane – offrent une belle affiche. Citons Agar Agar, groupe electronoïdo-mélodique qui connaît une véritable Symbiose en son sein ou DBFC, quelque part entre Metronomy, Django Django et Stone Roses. Un de nos gros coups de cœur : The Blaze, duo electro surdoué qui sent le bitume, le goudron et le haschich2 que l’équipe de La Rodia projette de faire venir depuis l’an passé, soit avant l’énorme buzz entourant les cousins aujourd’hui surbookés. Enfin, un petit mot sur Her, duo français de pop aux accents soul qui a vécu un terrible été : le 13 août, Simon Carpentier fut emporté par un cancer, laissant son ami d’enfance Victor Solf seul aux commandes d’un vaisseau s’apprêtant à s’envoler à travers l’Europe. Le groupe va perdurer (grâce à Desmond Myers qui remplace Simon) et ses concerts ne sont pas annulés : sur le Facebook de Her, Victor évoque la « promesse de continuer coûte que coûte cette magnifique aventure »…

À La Friche artistique, près de La Rodia (Besançon), du 28 au 30 septembre

larodia.com

legrand9.fr

 1 Voir Poly n°189 ou sur poly.fr

2 Voir Poly n°200 ou sur poly.fr

 

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