Des routes

Photo de Fabien Tijou

À bord de son véhicule transformé en studio ambulant, Thylacine a enregistré un album electro-world qu’il présente live à Nancy. En voiture pour la Cordillère des Andes !

Vous avez traversé la Russie à bord du Transsiberian (2015), revenant avec un album inspiré par votre voyage. Pour Roads, vous avez métamorphosé une caravane métallisée old school en studio avant de parcourir l’Argentine. Quelle est votre méthode ?
Je circule avec plein de micros et capte les paroles de gens que je rencontre, des ambiances sonores ou des petits bruits qui m’interpellent et peuvent servir de point de départ à mes morceaux. Dans les villages argentins, j’ai collecté des instruments, notamment de petites percussions que j’ai utilisées, tout comme des extraits de morceaux qu’écoutaient et qui faisaient vibrer les personnes que je croisais. Mes titres partent souvent d’un sample ou d’un son. J’ajoute alors d’autres éléments, comme mon saxophone : il m’est arrivé de me positionner au beau milieu d’un canyon afin de profiter de la réverb’ naturelle. Le saxo sur Sal Y Tierra a été enregistré sur un lac de sel en altitude. Je manquais d’oxygène et ça s’entend un peu. Les parties vocales ont également, pour la plupart des titres, été prises sur place.

Pourquoi ce besoin d’aventure ? Votre monde intérieur ne suffit pas ?

J’ai besoin d’être dans le mouvement, dans un environnement nouveau, d’avoir des choses à raconter, de transmettre des émotions que je ne ressens qu’à l’étranger. Le voyage me permet de lâcher prise, de quitter le quotidien, d’avoir une liberté de temps totale et me perdre dans la création, hors de ma réalité dans des pays très vastes comme la Russie. Je n’avais jamais mis les pieds en Amérique du Sud, j’étais “vierge” et j’ai simplement profité de l’opportunité de pouvoir utiliser un cargo pour embarquer ma caravane jusqu’à Buenos Aires ! Au cours du circuit, des images ont été tournées par un ami réalisateur, des cadreurs argentins ou moi. Durant ces trois mois, ma Airstream a été comme un laboratoire musical et cinématographique, car je me sers des films pour mon live.

Que retenez-vous de ce trip ?
Être seul à plus de 4 000 mètres d’altitude sur d’immenses étendues à perte de vue et pouvoir faire de la musique en totale autonomie car le toit de mon véhicule est couvert de panneaux solaires : il y a un rapport aux éléments très fort. Le paysage est resté imprégné dans ma rétine.

Quelle sera votre prochaine destination ?
J’ai envie d’explorer les possibles de ma caravane, capsule créative permettant de composer à l’autre bout du monde. J’ai beaucoup d’idées, mais je les garde pour moi ! Je ne suis pas à l’abri de problèmes techniques m’empêchant de partir ou d’un changement d’avis de dernière minute…


À l’Autre Canal (Nancy), vendredi 26 avril
lautrecanalnancy.fr

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