David Reiland à l’Arsenal

© Christophe Urbain

Directeur musical de l’Orchestre national de Metz Grand Est depuis 2018, David Reiland est un chef inspirant pour ses musiciens, comme pour le public. Portrait.

Pour David Reiland, la musique vient de loin, elle vient de l’enfance : « À treize ans, j’ai fondé mon propre orchestre composé de seize musiciens », explique le jeune quadragénaire, notamment formé à l’exigeante école de l’Orchestra of the Age of Enlightenment où il fut, trois ans durant, l’assistant de deux monstres sacrés, Sir Simon Rattle et Sir Roger Norrington. La troisième figure tutélaire du chef belge se nomme Nikolaus Harnoncourt : « Alors que j’étais étudiant au Mozarteum de Salzbourg, il m’a dit qu’il serait temps d’oser », se souvient-il. À la tête de l’Orchestre de Chambre du Luxembourg entre 2012 et 2017, il débarque ensuite à Metz, avec une vision très claire de son art : « Diriger, c’est d’abord insuffler, donner la bonne énergie au bon moment, animer, c’est-à-dire donner de l’âme. Mon job consiste à aplanir les difficultés pour les musiciens pour les placer dans les meilleures conditions possibles à tous points de vue – technique, musical, psychologique… – afin qu’ils puissent s’étonner eux-mêmes », confie-t-il.

David Reiland © Christophe Urbain
David Reiland © Christophe Urbain

Heureux d’être à la tête de la phalange messine, où il a été prolongé jusqu’en 2024, David Reiland la décrit comme « un orchestre français – avec une force sans dureté, une transparence, c’est-à-dire un raffinement dans le timbre et une élégance du phrasé – capable de comprendre, grâce à son histoire et sa proximité géographique, un certain épaississement de pâte nécessaire au répertoire d’outre-Rhin. » Depuis 2018, il explore avec ses 72 musiciens les trois piliers formant son ADN musical – la fin de l’ère classique, l’école française et le répertoire de notre époque – sans négliger le romantisme germanique. On le découvre dans une saison 2022-23 où scintille notamment le Double concerto pour violon et violoncelle de Brahms interprété par Diana Tishchenko et Edgar Moreau (13/01, puis 15/01 à la Congresshalle de Sarrebruck). Autre moment fort, Création !, mobilisant toute la Cité musicale, histoire de célébrer le 50e anniversaire des Rencontres internationales de musique contemporaine. Le chef y dirige un programme exigeant (26/11) où Edgard Varèse rencontre le minimalisme de Philip Glass dans le génial Concerto pour quatuor de saxophones, et Claude Lefebvre, fondateur de l’événement, pour L’Insoumise. Sans oublier l’immense Betsy Jolas avec A Little Summer Suite, « à l’écriture épurée. Voilà sept mouvements aux couleurs sombres, à l’image de ciels d’été bas et chargés. » L’oeuvre a été enregistrée il y a peu pour un CD à paraître au printemps, intitulé Femmes de légende, qui regroupe aussi des pages de Lili Boulanger et Augusta Holmès, une star en son temps considérée comme la Wagner française.


À l’Arsenal (Metz) samedi 26 novembre
citemusicale-metz.fr

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