Docteur La Peluche, retour en enfance avec Charlemagne Palestine

Avec l’imprononçable Cccccharrrleeewwwworllddddd aaaa gggessaammtttkkkuunsttwwerkkk ????????, Charlemagne Palestine pose ses valises au Frac Alsace, trente ans après sa première exposition dans la région.

Installé dans un fauteuil près de l’entrée, deux casquettes colorées vissées sur les oreilles et un verre de whisky on the rocks à la main, Charlemagne Palestine, de son vrai nom Chaim Moshe Palestine, scrute avec curiosité les visiteurs déambulant entre ses œuvres. « Ma femme m’a rendu sobre ! », ne manque pas d’ajouter le septuagénaire avec cet enthousiasme qui semble ne jamais le quitter. À l’occasion de cette nouvelle présentation de son travail dans la région, les 500 m2 du Frac Alsace sont inondés d’un millier de peluches : « La plupart proviennent de ma collection personnelle, d’autres d’Emmaüs », précise l’ancien professeur du California Institute of the Arts. « C’est du recyclage, je voulais faire écho à cette nouvelle vague écologique et remplir l’espace de façon éco-responsable. » Figure phare de son univers, le Teddy Bear est décliné sous toutes ses formes, d’un petit personnage pas plus large que la paume d’une main à une gigantesque boule de poils qui ravira, à n’en pas douter, « les enfants de tous les âges. » Le kid de Brooklyn vit aujourd’hui à Bruxelles et rend hommage à cette idole de son enfance, qui fête ses 120 ans cette année. 

Au centre de la pièce principale trône un piano Bösendorfer, l’un des instruments fétiches de l’excentrique musicien-plasticien, recouvert de schmattes*, du roi de la jungle en personne et d’une montagne de minuscules animaux parmi lesquels le chien Pongo, le Diable de Tasmanie ou encore Tigrou. Une mélodie inventée pour l’événement s’échappe du clavier. Bien évidemment, la mesure est battue par un ours en patchwork… et non par le lecteur MP3 posé sur le sol ! À quelques pas, se dresse un kayak bleu, décoré par des enfants lors d’ateliers créatifs. Au milieu des passagers, se distinguent l’infatigable Bob l’Éponge, un tyrannosaure peu commode et une vachette à rayures, visiblement très inspirée par ce voyage sur les flots. Deux grands murs de peluches, issus d’une exposition à Los Angeles en 2017, s’étendent de l’autre côté et titillent le plafond. Mickey, Minnie, Hello Kitty et même un gorille espiègle font face aux spectateurs, sagement maintenus par des épingles à nourrice. « Je vois en eux des êtres avec des énergies, des regards qui témoignent du temps qui passe », déclare l’avant-gardiste. Un rayon de soleil traverse alors les baies vitrées du complexe et se répercute sur les boules à facettes, suspendues aux poutres en métal. En un instant, la scène se modifie et des éclaboussures lumineuses parsèment le plancher, les parois nimbées de relief, donnant une autre lecture aux peintures sur verre réalisées par le musée et des bénévoles. De l’art en mouvement… littéralement.

Peluches Charlemagne Palestine Frac Alsace
Les peluches de Charlemagne Palestine au Frac Alsace © Pierre Rich

Au Frac Alsace (Sélestat) jusqu’au 13 novembre
frac-alsace.org
> Performance ‘‘surprise’’ de Charlemagne Palestine le 17/09 (16h)

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