C’est extra

© Eric Chenal

Après dix ans à la tête du Centre dramatique national de Thionville, qu’il avait rebaptisé Nord ESt Théâtre, Jean Boillot passe la main à Alexandra Tobelaim en ce début d’année. L’occasion d’un bilan avec celui qui réactive sa Cie La Spirale, à Metz.

Quel héritage laissez-vous au NEST ?
Mon prédécesseur Laurent Gutmann a eu la présence d’esprit d’accueillir la cabane de l’Odéon, devenue notre théâtre en bois. Un équipement trop petit pour un CDN (240 places), avec beaucoup de contraintes techniques notamment seulement cinq mètres sous perches, et difficilement chauffable mais à la chaleur humaine irremplaçable. Le public adore cet endroit qui grince de partout. Nous l’avons agrandi avec le barnum, en 2013, pour les 50 ans de la compagnie ayant fondé ce qui devint le NEST. Plus qu’un espace de restauration, il est devenu un lieu irremplaçable du développement des publics, d’accueil, de réunion, de partage avant et après spectacle : le point névralgique ! Nous avons perfectionné l’outil, augmenté l’activité et la fréquentation (+37% de 2010 à 2019), nous servant d’une culture festivalière comme levier pour toucher les jeunes et les familles.

Vous avez joué à fond la carte de la jeunesse, créant un festival (La Semaine Extra) et multipliant les actions ciblées…
La Semaine Extra, qui perdure après mon départ, a été, comme le festival Court Toujours dédié aux formes brèves ou le concours d’écriture Les Iroquois, un catalyseur d’évolution des publics qui fréquentent notre théâtre. Nous avons énormément d’adolescents qui viennent. En excluant les scolaires, ils représentent 20% des entrées. Nous les avons impliqués dans notre projet et, pour certains, aussi associés et responsabilisés en leur confiant des missions de passeurs. Le fameux renouvellement des publics est en marche, même si l’on sait que cela reste fragile et volatile dans cette zone frontalière particulière avec la Belgique, le Luxembourg et l’Allemagne.

Avec l’édification d’un nouveau théâtre d’ici 4 à 5 ans, que deviendront l’actuel théâtre en bois et le barnum ?
Leur avenir est encore incertain. Déplacés sur le nouveau site ? Intégrés dans le cahier des charges du concours d’architecture ? Vendus ? Le Barnum appartient au NEST, donc la décision reviendra à sa nouvelle directrice. Le théâtre en bois est la propriété de la ville. Mais le nouveau théâtre est l’aboutissement de la reconnaissance de notre contribution à élargir la cité, nous qui travaillons dans des lieux industriels étranges, en bord de ville dans des espaces interlopes. Aujourd’hui, c’est autour de nous qu’elle s’élargit et qu’un nouvel écoquartier verra le jour, le théâtre en son centre, retissant un projet de société.

Photo de répétition d’Arthur Pequin, La Bonne Éducation

nest-theatre.fr

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