Cavern

Liquide Liquide de Céleste Boursier-Mougenot à la Fondation François Schneider, detail de Clinamen Courtesy de l'artiste et de la Fondation

Liquid Liquid de Céleste Boursier-Mougenot est une chasse au trésor hardcore, entre exquises notes pianistiques et désagréables crissements de verre.

Moite boîte de nuit façon Cruising de Friedkin ou rafraîchissant torrent wattwillerien : l’exposition est dark comme une (bat)cave ou étincelante comme un diamant brut. Le tube underground du groupe new-yorkais eighties Liquid Liquid, auquel CBM fait référence, se nomme Cavern. Heureux hasard ? On identifie Céleste Boursier-Mougenot à la poésie aléatoire émanant de Clinamen, œuvre zen consistant en une constellation de bols de porcelaine blanche s’entrechoquant en douceur dans un bassin d’un bleu profond. Cette pièce maîtresse de l’artiste – et d’une exposition “fleuve” suivant les lignes de l’architecture du lieu – ne parvient pas à occulter un aspect plus noir, voire trash, irrigant le travail du représentant de la France à la Biennale de Venise 2015.

Céleste Boursier-Mougenot, Plage-test pour l’exposition Liquide Liquide, 2019
Courtesy de l’artiste et de la Fondation François Schneider

La visite débute d’ailleurs par “les entrailles” du Centre d’Art contemporain, sa cave, métamorphosée en club dont l’obscurité est transpercée par des faisceaux, un light show où l’on distingue des cercles blancs s’écrasant contre les parois : il s’agit en réalité d’une captation vidéo de Clinamen, installée trois niveaux plus haut. Aveuglé par ces éclairs lumineux faisant un effet “boule à facettes”, le visiteur avance à tâtons, se méfiant du bruissement de l’eau (qui dort ?) de part et d’autre du parcours en ces « bas- fonds du bâtiment », note Marie Terrieux, directrice de l’institution, dans un anxiogène brouhaha sonore créée par le Niçois, fou de Terry Riley, qui fit ses armes au Conservatoire de musique. Fan de La Monte Young et du post-punk de Liquid Liquid, ESG ou d’Arto Lindsay ? Amoureux des lettres, de culture classique, voire bourgeoise, de Satie et de théâtre (il fut complice de Pascal Rambert), il confie avoir été très tôt – vers l’âge de 16 ans – littéralement fasciné « par la “déviance”, la musique no-wave, la drogue ou l’homosexualité. J’utilise tous les moyens, sans complexes, pour m’affirmer, dans une recherche et une expérimentation permanente. Il n’y pas pire qu’un artiste satisfait ! » Marie Terrieux, ayant permis l’inondation partielle de la fondation, évoque néanmoins « un cheminement vers la lumière », une fois parvenus sur la vaste Plage scintillante de 300 m2. Alors qu’elle s’amuse à comparer cette immense étendue de 20 tonnes de verre pilé à un décor de La Reine des neiges, nous répondons à son invitation, s’empressant, tels des fakirs, de traverser pieds nus, cette banquise cristalline… dans une effroyable douleur.

Céleste Boursier-Mougenot, Chorégraphie, 2012, Courtesy de l’artiste et de la Galerie Xippas, © Frédéric Lanternier

À La Fondation François Schneider (Wattwiller), jusqu’au 22 septembre

fondationfrancoisschneider.org

La Nuit Céleste, avec restauration spatiale, programmation cosmique (notamment en compagnie du duo rock Encore), en partenariat avec le festival météo, samedi 3 août
festival-meteo.fr

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