Catherine Tartarine célèbre la Fête à Robert Filliou

Photo de répétition © Jane Joyet

Catherine Tartarin prépare Une Fête à Robert Filliou, plasticien, auteur et poète dont la carrière est aussi protéiforme que cette nouvelle création. 

« Robert Filliou, c’était un peu un bouddhiste zen », explique Catherine Tartarin. « Mon but est de le faire entendre », continue-t- elle. Franco-Américain ayant abandonné une carrière aux Nations Unies pour devenir artiste, la metteuse en scène le découvre durant ses études au Théâtre national de Strasbourg. « J’ai adoré ses textes, je ne sais pas si « politiques » est le bon adjectif pour les décrire, mais j’aime le fait qu’il parle d’économie, de société, de choses qui m’importent, mais d’une manière drôle. » Après avoir monté des formes courtes à son sujet, dans les parcs et accompagnée de musiciens, elle se voit proposer par le directeur du Taps, Olivier Chapelet, un projet d’une heure, en salle. Pour cette version, elle collecte des écrits plus engagés, change les chansons en piochant dans le répertoire de Catherine Ribeiro ou Brigitte Fontaine, mais conserve toutefois la présence d’instrumentistes. « J’ai toujours travaillé avec eux. Là, il y a l’accordéoniste Yves Béraud, qui apporte un côté festif, et Kalevi Uibo à la guitare électrique, pour quelque chose de plus grinçant. » Réunissant une dizaine de textes, poèmes et extraits de recueils ou d’interviews, Catherine Tartarin développe une pièce hybride : « L’idée est de casser le théâtre traditionnel, de surprendre les spectateurs », confie-t-elle. 

« Les gens vont arriver à la billetterie… et il se passera déjà des choses. » Présenté comme une déambulation, le spectacle démarre dès le hall – là, le public peut compter sur une exposition relatant la biographie et une partie de l’œuvre de ce proche du mouvement Fluxus pour appréhender son univers. Une fois qu’il arrive dans la salle, la comédienne « aimerait que ce soit joyeux, avec de la musique. » Avant de poursuivre : « Plus nous sommes au début, plus on est dans quelque chose de léger, avec l’accordéon. Plus on arrive vers la fin, plus c’est noir, avec la guitare électrique. » Défendant un art libre, considérant chaque individu comme un génie à part entière et célébrant l’échec – dans son Festival des ratés, Filliou rend hommage aux personnes qui se sont plantées (Catherine Tartarin cite d’ailleurs quelques phrases à travers la représentation) –, son caractère et sa conception du monde transparaissent jusque dans les décors. Tables et vieilles chaises de bistrot chinées traduisent ainsi sa propension à picoler du vin rouge ! « J’ai aussi envie que l’on travaille avec le carton [un des matériaux phares de ses bricolages, NDLR], avec des pancartes, où j’écrirais des choses, enfin, on verra… J’adore ses mots, donc j’ai envie qu’il y en ait sur le plateau », reprend- elle, pensant notamment aux questions absurdes d’Idiot-ci, Idiot-là, où l’on identifie « sa position hyper anticapitaliste et pacifiste » – « Pourquoi manger tant de viande? », ou encore « En quelle saison la sagesse hurle-t-elle dans les rues ? ». 

Au Taps Laiterie (Strasbourg) du 13 au 17 mai
taps.strasbourg.eu 

> Rencontre avec l’équipe à l’issue de la représentation du 15/05 

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