Catherine Ringer emprunte les mots de la poétesse Alice Mendelson

Catherine Ringer (c) Laura Lago

Sur scène, Catherine Ringer dit L’Érotisme de vivre, s’emparant, en toute délicatesse, des mots de la poétesse Alice Mendelson.

Le grain de sa voix nous est tellement familier. On a dansé sur Marcia Baïla, braillé C’est comme ça, dit oui à Andy… Ex Rita Mitsouko, Catherine Ringer est de retour sur scène, cette fois avec les textes joliment ciselés d’Alice Mendelson. Le timbre est un peu caillouteux. Monte dans l’aigu, redescend. Regrimpe en un cri dont la stridence évoque curieusement Léo Ferré. Elle dit. Déclame. S’échappe parfois vers le chant et l’on retrouve, un instant, mais un instant seulement, la géniale interprète du Petit train. Elle nous fait rencontrer la force douce des mots enchantés d’Alice Mendelson, poétesse âgée aujourd’hui de quatre-vingt-dix-sept ans, qu’elle a découverte, il n’y a pas si longtemps, alors qu’elle n’était pas même publiée. C’est désormais chose faite avec un recueil dont le titre, L’Érotisme de vivre (Éditions Rhubarbe, 2022) donne son nom au spectacle. « Ce fut un émerveillement immédiat face à ces poèmes simples et beaux, directs et joyeux, exaltant une sensualité de la vie. J’ai de suite pensé à Prévert avec ce rythme des vers », confie la chanteuse qui décide immédiatement de mettre l’affaire en musique avec le pianiste Grégoire Hetzel. Un spectacle naît au printemps 2021, dans le cadre du petit théâtre de La Huchette, à Paris.

Souvent, bien sûr, l’extase charnelle est tapie au coin des mots : « Par ta chaleur, ton poids, l’espace occupé par ton corps nu sur le mien, nu lui aussi, je reçois ma vraie nudité. » Certains passages sont d’une torride élégance comme ces instants dédiés « À L’homme léchable qui fut et sera passé au tamis de la langue ». Elle nous « lance avant tout une invitation à la vie, à préserver la curiosité : « Pour bien vieillir, il est bon d’avoir le vice de la joie » est un résumé de sa philosophie », souligne Catherine Ringer. Voix voilée. Modulée en toute finesse. Elle dit les hommes, la joie, l’amour, la passion avec verve comme l’exprime Jean-Pierre Siméon, directeur de la collection Poésie/Gallimard : « Ce qui fait à mes yeux la force irradiante de la poésie de Mendelson, c’est que ce chant passionné du corps-à-corps charnel, clamé à voix pleine, sans excuse ni affèterie, est la métonymie d’une érotisation généralisée de la vie, de la relation aux êtres et aux choses. C’est l’expression sans doute d’une disposition foncière mais c’est surtout un choix et un courage (…) malgré et contre tous les démentis de l’existence. »

Catherine Ringer
Catherine Ringer (c) Laura Lago

À La Filature (Mulhouse) dimanche 21 janvier
lafilature.org

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