Berlin calling

Photo tirée de Back for good

Quatorzième du nom, Augenblick, festival de cinéma de langue allemande en Alsace, a pour invité d’honneur le réalisateur Andreas Dresen. Coup de projecteur sur quelques pépites d’une large programmation.

Festival multiforme, Augenblick propose cette année une rétrospective dédiée à Georg Wilhelm Pabst en six films joliment restaurés (du classique Loulou au rare Quatre de l’infanterie), un focus sur le documentaire autrichien (avec le saisissant Welcome to Sodom, plongée dans une décharge de déchets numériques au Ghana) ou encore une jolie section jeunesse. En compétition se trouvent des longs métrages comme l’étonnant Back for Good de Mia Spengler – une starlette de télé-réalité sort de désintox’ et ça dépote –, Cops, un polar autrichien de Stefan A. Lukacs ou encore le post-apocalyptique In My Room d’Ulrich Köhler.

Autre temps fort, l’hommage à Andreas Dresen (né en 1963) fera mieux connaître un réalisateur majeur né en Allemagne de l’Est, un état disparu que l’on retrouve dans Pays tranquille (1992), allégorie de la Chute du Mur se déroulant en 1989 : une troupe de théâtre répète En attendant Godot de Samuel Beckett dans une ville du nord de la RDA. Mais aussi dans le très récent Gundermann (2018) qui revient sur le parcours étonnant d’un homme qui est chanteur la nuit et conducteur d’une immense pelleteuse dans une mine de charbon à ciel ouvert le jour… et informateur de la Stasi 24 heures sur 24 ! Nimbée d’un humour doux-amer, les films de celui qui a été récompensé en 2011 par le Prix “Un Certain Regard” au Festival de Cannes avec le touchant Pour lui, semblent avoir Berlin pour épicentre. Deux magnifiques réalisations témoignent avec éclat de cette symphonie de la grande ville qu’il crée. Dans Rencontres nocturnes (1999), les destinées de plusieurs personnages se croisent dans une cité qui attend la visite du pape : deux SDF, une prostituée, un jeune réfugié angolais composent un ballet choral dans une nuit éclairée par les néons blafard du S-Bahn et sous une averse permettant aux lumières de se réverbérer avec poésie dans les flaques d’eau. Ambiance ensoleillée au contraire pour Un Été à Berlin (2005) ou la vie (presque) rêvée toute en délicatesse de deux jeunes femmes, entre échappées drolatiques et lancinante mélancolie.


Dans les 32 cinémas indépendants d’Alsace fédérés par le RECIT (Réseau Est Cinéma Image et Transmission), du 6 au 23 novembre 

festival-augenblick.fr

Projections en présence d’Andreas Dresen autour de Grill Point (14/11, Bel Air, Mulhouse), Gundermann (15/11, Star Saint-Éxupéry, Strasbourg) et Timm Thaler (16/11, Star Saint-Éxupéry)

Échange public avec Andreas Dresen (16/11, 18h, Auditorium du MAMCS) mené par Valérie Carré

vous pourriez aussi aimer