Bande de filles

Les Femmes s’en mêlent, festival de la scène musicale féminine indépendante, propose un état des lieux des avancées en matière de recherche sonique, du r’n’b transgenre de Georgia à la pop étrange d’U.S. Girls.

 

Pour la dix-neuvième fois, Les Femmes s’en mêlent célèbre le rock au féminin dans toute sa diversité : la chirurgienne des sentiments Françoiz Breut, l’ex-Pipettes Gwenno et ses comptines intemporelles en gallois, les rêveries sucrées de Dream Wife, les sanglots longs du violon d’Emily Wells… Partout en France, le meilleur de la pop jouée par des filles est glorifié, le temps d’un festival défricheur, programmant les chansons douces des artistes citées ci-dessus, mais aussi la fugue de musiciennes qui veulent en découdre. Y’a du pogo dans l’air ! Même lorsqu’elles entonnent un morceau au titre aussi prometteur de légèreté que Lalalala, les Chikitas (31/03 à La Poudrière de Belfort, 01/04 au Divan du Monde de Paris) font exploser les enceintes. Le duo, composé des punkettes Lynn Maring et Sakia Fuertes, sort du Ghetto Tomato et balance des watts nirvanesques. L’album de ces Thelma & Louise suisses, Distors Clitortion, roule en roue libre sur l’autoroute distordue du rock’n’roll.

Le festival fait un focus sur la musique d’aujourd’hui annonçant les contours de celle de demain. Georgia (30/03 à La Laiterie de Strasbourg, 02/04 au Trabendo de Paris), avec son r’n’b mutant façon FKA Twigs ou AlunaGeorge, fait souffler un vent frais sur la soul. Ancienne disquaire chez Rough Trade, fille de Neil Barnes du duo techno Leftfield, Georgia est proche de la rappeuse Kate Tempest pour laquelle elle fut batteuse. Pour l’Anglaise, la musique se conjugue forcément au pluriel : on ne s’étonnera guère de rencontrer, sur son premier album éponyme enregistré en solo dans son home-studio et sorti courant 2015, un étonnant télescopage d’influences et d’éléments : electronica glaciale et voix trafiquée, chant de muezzin et sons du futur, dub profond et groove poisseux… Georgia ? On my Mind !

Autre artiste inclassable, U.S. Girls (30/03 au Divan du Monde, 31/03 à La Poudrière, 02/04 aux Trinitaires de Metz), chante d’une voix haut perchée tout au long d’un nouvel album volontairement bancal, où l’on entend une conversation téléphonique (Telephone Play n°1) et dont l’enregistrement semble parasité par des sons bizarres captés sur une autre planète. Par moments, la bande semble passer au ralenti (Red comes in many Shades, Navy & Cream), même si l’on sait que ça s’emballe dans le cerveau en ébullition de l’Américaine responsable de ce projet electro bidouillé, expérimental et accessible.

 

Les Femmes s’en mêlent, partout en France (Paris, Bordeaux, Nantes, Toulouse, Tours…) et en Belgique ou en Suisse, du 18 mars au 2 avril

www.lfsm.net

 

Au Trabendo, au Divan du Monde et autres lieux (Paris), avec Sea Lion, Brisa Roché, Emily Wells, Cléa Vincent, Dream Wife…, du 18 mars au 2 avril

www.letrabendo.net – www.divandumonde.com

 

À La Laiterie (Strasbourg), avec Georgia et Shilpa Ray, mercredi 30 mars

www.artefact.org

 

À La Poudrière (Belfort), avec The Chikitas et U.S. Girls, jeudi 31 mars

www.poudriere.com

 

À La Rodia (Besançon), avec Shilpa Ray et Elvett, jeudi 31 mars

www.larodia.com

 

Aux Trinitaires (Metz), avec Aldous Harding, Tuff Love et U.S. Girls, samedi 2 avril

www.trinitaires-bam.fr

 

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