Balance ton corps

Photo de Jean-Luc Beaujault

Pièce créée l’été dernier au Festival d’Avignon par Phia Ménard, Saison sèche est une invitation crue à renverser le pouvoir patriarcal.

«Il me faut vous parler de cette plaie que l’affaire Weinstein, l’apparition de #Metoo, ont réveillée : le patriarcat et l’impact de ce pouvoir oppressif sur les femmes », explique Phia Ménard, de la compagnie Non Nova. Cette plasticienne, jongleuse et performeuse, née dans le corps d’un homme, a une conscience aiguë de la violence de la domination masculine. « Avant, dans le corps mâle, j’étais un prédateur inconscient de son pouvoir. À présent je suis un corps scruté, quasi tout de suite sexualisé. Je suis devenue une proie. » Sur scène, une boîte blanche, à la fois zone d’enfermement et cellule de résistance. Dans cet espace confiné, sept femmes se débattent et un rituel se met en place. Des rappels à l’ordre semblent répondre à chaque geste déplacé. Frissons, convulsions, chutes, interrogent l’identité, la liberté des êtres et contraignent finalement l’architecture patriarcale à s’ouvrir. L’explosion du cadre coercitif laisse place au chaos, même si les femmes se réapproprient leur corps. Dans Saison sèche, Phia Ménard fait appel à nos émotions et à notre conscience plus qu’à notre intellect. Sa pièce émancipatrice est organique, métaphorique, mais aussi politique.


À la Filature (Mulhouse), samedi 4 mai


lafilature.org
cienonnova.com

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