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Boat People au Théâtre national de Strasbourg : prenant

Boat people © LesBird ©Marine Bachelot Nguyen

Avec Boat People, Marine Bachelot Nguyen mêle fiction et réalité en imaginant l’histoire d’une famille de réfugiés vietnamo-laotiens, accueillis en France à la fin des années 1970.

Boat People s’inscrit dans un cycle de spectacles traitant des « mémoires intimes et politiques entre la France et le Vietnam », initié en 2014. Pourquoi vous consacrer à présent aux réfugiés du Sud-est asiatique post-1975 ?
Il me semble intéressant d’interroger cette période, cette vague d’immigration et toute la médiatisation qui l’entoure. On est en pleine guerre froide, et c’est pourtant là qu’a émergé l’aide humanitaire. Bien que l’on connaisse la réputation discrète de ces communautés, la génération actuelle a aussi le désir que leurs parents et grands-parents sortent du silence. C’est important pour se relier à nos racines – je suis d’origine vietnamienne par ma mère, et même si je ne suis pas issue d’une famille de boat people, mes ancêtres ne sont plus là pour me rapprocher de cette culture. Évidemment, il y a également une résonance très forte avec la situation d’aujourd’hui, si ce n’est que les migrants passant par la Méditerranée ou la Manche suscitent bien moins d’attention médiatique qu’à l’époque.

Dans votre pièce, une famille de réfugiés est hébergée par une autre, française, vivant dans un petit village près de Niort.
La fiction occupe une grande place. Je me suis appuyée sur des témoignages d’anciens boat people ou de personnes les ayant accueillis pour m’imprégner de leur histoire. Ici, trois Français reçoivent sous leur toit un père, une mère et une petite fille vietnamo-laotiens. Dans le paysage de cette époque, c’est une famille singulière : un couple de Blancs qui, déjà poussé par une envie d’aider, a parrainé puis adopté un enfant noir originaire du Biafra, ancien nom du Nigéria. C’est intéressant aussi d’avoir un acteur noir au plateau pour travailler les échos avec aujourd’hui. En se rencontrant et en cohabitant ensemble, les deux familles se font la métaphore de la générosité, des ambiguïtés et des angles morts de l’action humanitaire, avec tout ce qui peut se passer de maladresse, malentendus ou moments de grâce.

Les événements se déroulent en grande majorité dans le salon de la famille. Comment le représentez-vous ?
La scénographie a un côté fonctionnel, elle suggère plus qu’elle ne reconstitue. Il y a donc des emprunts assez légers évoquant un décor des années 1970, avec une grande table et le double-salon figurant l’espace d’accueil de la famille de réfugiés. On a l’impression que des choses sont laissées en travaux dans cette maison, ce qui sert notre mise en scène puisque l’espace se transforme en cours de spectacle pour basculer, progressivement, dans un camp de réfugiés. Nous exploitons aussi la vidéo, notamment des archives de l’INA. 

D’autre part, on remarque la présence répétée du titre Bin Nhdu compositeur Trnh Công Sơn, interprété per Khánh Ly. Pourquoi cette chanson ?
Ce sont deux artistes reconnus et aimés, autant par les Vietnamiens du nord que du sud – en raison de leurs divisions politiques, c’est une précision importante.Je cherchais un morceau lié à l’histoire des boat people, et celle-ci évoque le fait que la mer se souvient, tout comme les questions liées au départ, ce qui en fait un leitmotiv intéressant à développer. 


Au Théâtre national de Strasbourg du 18 au 28 novembre
tns.fr

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